C'est l'histoire d'une femme de 39 ans et d'un prof de 60 ans qui se croisent par hasard en mangeant seuls dans la même gargote, prennent plaisir à se joindre l'un à l'autre, mais là où d'habitude, Netflix et consort nous montre des abdos et des décolletés, en nous disant bien qu'il faut user de stratagèmes éculés pour séduire, là au contraire, c'est deux caractères dont les sentiments pourraient s'effaroucher, qui ne cherchent jamais à se revoir de manière volontaire, laisse faire le hasard, jusqu'à ne pas se voir parfois pendant des mois. Bref, deux incertains et du coup la progression est très naturel, le style est pas foufou (je suis maniaque sur l'esthétique) mais étrangement c'est très poétique, très délicat, et ça fait passer beaucoup de choses en étant pudique. C'est mon premier roman japonais et c'était vraiment cool ! J'avais d'abord lu l'adaptation manga de Jiro Taniguchi, qui m'a initié en quelque sorte à cette magie de la banalité, un peu comme un pré-requis nécessaire, je pense, pour apprécier la plupart des chapitres, qui tellement triviales en deviennent incongrues dans une œuvre de divertissement, mais dont il se dégage toujours une poésie indéfinissable, comme cette scène où l'ancien professeur lui montre ses piles usagers. Oui, c'est très très bizarre mais ça marche, on est carrément fasciné. J'ai jamais lu un truc approchant ! Sacrée alchimie que ce roman !