C'est l'histoire d'un vieux seul sur une île Baltique. Enfin seul, pas tout à fait, il vit avec un chat, une chienne et une fourmilière qui engloutit sa nappe de salon. Tous les matins, il creuse un trou dans la glace avant de s'y baigner. Sans être tout à fait sûr qu'il pourra, ou voudra, remonter.
Les chaussures italiennes parle d'abord du temps qui passe, vite et souvent mal, de la vieillesse, de l'irrémédiable, de la mort, et des quelques éclairs dans ce crépuscule. L'auteur joue avec les oppositions, les symétries, il manie le chaud et le froid comme le clair-obscur, l'été fait place à l'hiver, la vieillesse essaie de canaliser la jeunesse. Le rapport au corps est omniprésent. Malmené, il est mordu par le froid, amputé, tailladé. Et il sert aussi à réchauffer les peaux décrépis et les âmes meurtries.
Le style est concis, dépouillé, à l'image de la glace, mais les têtes de nos protagonistes brûlent d'un feu intérieur. L'amour gronde toujours, la rédemption emprunte les chemins détournés, les amitiés se cachent. Des séquences frappent, l'imprévu surgit, sans rien fermer, mais bien questionner, vernissant d'une couche réaliste un roman qui reflète dans l'eau gelé la misère de la condition humaine.