Les Chiennes Savantes est un polar trash qui prend place dans un quartier miteux de Lyon, où travaille dans un peep-show la principale protagoniste, Louise. Elle et ses collègues travaillent pour la Reine-Mère qui a la main-mise sur les affaires du quartier. Un jour deux danseuses arrivées récemment de Paris sont retrouvées sauvagement assassinées, un nom plane, au-dessus de tout ça, un mystérieux Victor qu'elles auraient suivi à Lyon et que tout le monde semble rechercher...
Moins percutant que son précédent Baise-moi, ce second roman n'en reste pas moins dérangeant, que ce soit dans les situations qu'il décrit (et l'écriture trash dont use (abuse ?) Despentes pour les relater), dans cette acceptation de la vie sordide de ces travailleuses du sexe généralement ignorées et/ou méprisées et dans le fait que tout semble glisser sur Louise, l'horrible devenant banal, les atrocités commises envers elles ou ses consœurs, fatalité.
Gênant constat de voir que bien que manipulées, trompées par un Trissotin plus violent et intelligent que celui des Femmes Savantes de Molière auquel le titre de Despentes fait référence, ces femmes ne se blessent qu'entre elles. C'est de la collègue, de la soi-disant amie que vient le coup de pflûte pendant que le salaud dort en paix. Son ultime coup de maître.
L'enquête policière est plutôt bien ficelée (je n'avais pas deviné le "qui a tué ?" avant le dénouement) mais on sent que le but premier de l'écrivain n'est pas d'instaurer un suspense haletant et on revient presque sans s'y attendre à l'intrigue. La toute fin du bouquin reste elle, bien plus prévisible. Dommage.
Moins trash que son premier roman, moins abouti que le récent Vernon Subutex, Les Chiennes Savantes se dévore malgré tout sans problème, laisse un goût un peu amer, mais n'est-ce pas ce que l'on était venu chercher ?