Pression, pression, pression. Pas facile de chroniquer un ouvrage culte ou supposé tel. Me souviens plus très bien d'ailleurs pourquoi j'en ai entrepris la lecture; il me semble que je l'avais vu en tête de je ne sais quel Top 50 sur SC, que je l'avais acheté pour en faire un cadeau de Noël et que finalement je m'étais dit que j'allais me le garder pour me le lire en suisse. Eh oui, je consulte les Tops SC pour choisir certains des livres que j'offre, histoire de me permettre d'apparaitre comme quelqu'un de cultivé aux yeux d'une partie de mon entourage. Enfin, pas de mon proche entourage car généralement mon vernis craque assez vite^^
Mais je m'égare, je digresse, je parle plus de moi que du bouquin lui-même. A moins que ça soit justement sa lecture qui m'ait amené à le faire. Ouais, car question digressions, méandres scénaristiques et même nombrilisme, cet ouvrage c'est un petit millier de pages de concentré. Ça, c'était pour commencer avec une salve un peu méchante. Que je vais étouffer aussi sec avec quelques louanges, n'ayez crainte chers lecteurs aficionados de Bolano.
Mais il me faut d'abord parler de la structure du truc : trois parties. Une première très courte, 2 mois et 200 pages. Une seconde très longue, 20 ans et 660 pages. Une troisième très court, 1 gros mois et 70 pages. La troisième, c'est la suite directe de la première; le même narrateur et l'histoire qui se poursuit, même si les lieux ne sont plus les mêmes et que ça s'est resserré en matière de protagonistes. Faut-il y voir une métaphore de la jeunesse (première partie) et de la vieillesse (troisième partie) ? Pas impossible, même si avec ce bouquin, la quête de symbolismes peut s'avérer sans fin. Quoiqu'il en soit, ces deux parties sont très bien; du moins, je les ai beaucoup aimées. Allez, je vais oser le cliché, une belle ode à la vie, à ses plaisirs, à sa folie et à sa démesure.
Entre la jeunesse et la mort, il y a le reste de la vie. Là, c'est traité différemment pour ce qui est de la forme. Bolano nous fait dans le polyphonique, avec des sortes de témoignages (comme si un détective enquêtait ?) de personnes qui ont croisé qui Arturo Belano - sans doute qui Bolano lui-même -, qui son grand pote Ulisses Lima - sans doute un poète mexicain de ses amis, peut-être ici prénommé en hommage à Joyce. Pas impossible, quoique ce dernier m'ait semblé nettement plus déjanté que le sieur Bolano. Ça donne certains passages très courts, d'autres plus long. Ça donne aussi des passages que j'ai trouvé plutôt fastidieux à lire, du moins que j'aurai jugé sans intérêt. Et d'autres qui sont très beaux et émouvants, surtout vers la fin. Et d'autres qui sont palpitants. La vie, finalement, peut-être...
Avec, en fil rouge de cette seconde partie, et comme un lien entre la première et la troisième partie, le récit d'une soirée de cuite au mescal et à la tequila mettant en scène Bolano, Lima et un vieil écrivain de rue. Mescal et tequila parce que quand même, tout ça se passe au Mexique. Fil rouge qui par ailleurs repose sur un curieux paradoxe chronologique : on ne parvient pas à caser cette mémorable beuverie entre la fin de la première et le début de la troisième partie. Une des clés du bouquin, peut-être, car il y est question de la grande quête (retrouver la trace d'une obscure poétesse mexicaine) de Belano et de Lima. Un rêve, qui sait ?
Ben voilà, je crois que j'ai dit tout ce que j'avais à dire. Un bouquin écrit par Bolano à la fin de sa vie, manifestement épicurienne puisqu'il est mort plutôt jeune, alors qu'il sentait sans doute sa fin assez proche. L'occasion pour lui de revenir sur sa vie, d'où le côté un brin nombriliste que j'évoquais tout à l'heure. Mais ça reste sans aucun doute une œuvre hors du commun, ce qui aide à faire passer les longs passages durant lesquels il est question d'écrivains hispanophones (sans doute inventés pour nombre d'entre eux) et de poésie, autant de sujets vis-à-vis desquels je n'avais sans doute pas le background suffisant pour apprécier les susdits longs passages à leur juste saveur.