Les Dieux ont soif est pour Anatole France un peu plus qu'un roman historique parmi d'autres : son père, libraire spécialisé en textes de la période révolutionnaire, lui a légué un riche fonds qu'il a visiblement mis à bon usage ; le texte est émaillé de références, de noms, etc., qui donne un éclairage remarquable sur la période. Le roman historique “vérisimilaire” y est à son meilleur : France capture un nuancier complet de l'événement le plus important de l'histoire de France. Le livre est composé dans le style équilibré des auteurs du début XXe ; chaque personnage y incarne un type, qui donne à voir une partie de la fresque révolutionnaire. Le tout en fait une remarquable réussite du genre historique, mais qui manque parfois d'un peu de souffle.
Une citation : « Il était de ceux qui, enthousiastes et patients, après chaque défaite, préparaient le triomphe impensable et certain. Aussi bien leur fallait-il vaincre. Ces hommes de rien, qui avaient détruit la royauté, renversé le vieux monde, ce Trubert, petit ingénieur opticien, cet Évariste Gamelin, peintre obscur, n’attendaient point de merci de leurs ennemis. Ils n’avaient de choix qu’entre la victoire et la mort. De là leur ardeur et leur sérénité. »