Une source d'inspiration pour Laclos et un petit régal pour le lecteur...
Il est difficilement envisageable que "Les Liaisons dangereuses", un des plus grands chefs d'oeuvre littéraires de tous les temps, aurait pu exister sans ces "Égarements du cœur et de l'esprit", véritable plongée dans les mœurs très particulières de la noblesse française du XVIIIe siècle.
Le narrateur, à l'époque de l'histoire jeune naïf qui fait son entrée dans le "monde" et dans une potentielle carrière de libertin, fait penser un peu au chevalier Danceny, mais c'est surtout Versac, libertin cynique, sans scrupules et à la langue redoutable, qui rappelle le personnage mythique du Vicomte de Valmont.
Mais on est quand même assez loin de la noirceur et du pessimisme absolus du roman de Pierre Choderlos de Laclos. Le marivaudage apparaît ici non pas sans gravité mais avec une petite pointe d'humour, la fin ouverte n'est ni vraiment positive ni vraiment négative, et puis Versac apparaît finalement comme un personnage plus bienveillant qu'il ne veut le paraître n'hésitant pas à aider à deux reprises et de sa propre volonté le protagoniste encore un peu trop englué dans la candeur.
Le discours de ce dernier à propos de la manière de réussir à se vaincre soi-même et à s'imposer dans la fosse aux serpents qu'est la Société constitue un passage du roman qui devrait être lu par tous les timides pour se donner du courage.
A côté de ça on peut reprocher à l'ensemble d'être trop bavard surtout dans les deux des trois parties qui composent le livre, au personnage principal d'être un peu cruche (bordel c'est pas difficile de comprendre qu'elle fait sa mijaurée juste pour que tu lui sautes que mieux dessus !!!), mais pour ceux qui aiment vraiment la beauté complexe et unique (et qui ont en horreur le langage SMS !!!) de la langue de Molière, c'est souvent un régal à lire.