Au-delà d'une introduction aux descriptions généalogiques laborieuses, Les Enfants de Húrin se révèle un récit prenant d'une grande beauté. Chaque page manifeste de l'amour de Tolkien pour sa création, de la précision de ces terres merveilleuses aux dialogues à l'élégance remarquable.
Le roman évoque une tragédie grecque, empreinte de magie et de poésie. Il conte la vie d'un jeune noble exilé de chez lui, vagabondant pendant des années, cherchant à se faire oublier du destin funeste que fait planer sur lui une malédiction. Ces errances forment des épisodes peu liés narrativement, mais qui toujours ont pour sujet la fatalité et la cruauté d'une vie damnée. Le ton est sombre et l'on doute peu du dénouement, mais lorsque celui-ci arrive on est touché malgré tout.
Le roman reste parfois traversé de moments de lumières, et même, surprenament, d'humour, comme dans l'extrait qui suit.
Contexte : Túrin (le protagoniste), seul, sauve des forestiers d'une attaque d'Orques en simulant l'approche d'une troupe d'hommes d'armes.
Enfin les Forestiers firent halte sur la rive, et Dorlas, leur chef, dit : "Tu es rapide à la course, seigneur ; mais tes hommes sont lents à suivre.
— Non pas, dit Túrin. Nous courons de concert, comme un seul homme, et jamais ne nous séparons."
À froid, l'échange est guindé, mais dans le flot du livre ce passage m'a fait sourire.
La lecture du Silmarillion m'avait endormi, celle-ci m'a enchanté. Au point de m'avoir redonné envie de lire les autres textes "annexes" du Seigneur des Anneaux.