Merci qui ? Merci Jacquie et...

... Guillaume, apparemment.

Parce que oui, ce premier Apollinaire que je lis est plutôt du genre très très osé. Publié dans la collection Folio 2€ (et auparavant, à l'époque de l'auteur, en couverture muette) il est facilement trouvable et détonne de ses autres œuvres, Alcools en tête.

Alors quoi en dire ?

D'abord la lecture est aisée et rapide. Les phrases sont courtes, directes, au service d'une histoire simple : on narre le début de la vie sexuelle d'un Don Juan en herbe. Une histoire, ou plutôt un prétexte ? Car on peut plutôt voir ce livre comme un exercice de style d'un Apollinaire voulant choquer, exacerber une société dévergondée mais publiquement si pudique.

La question qui subsiste est : tout cela en fait-il un livre intéressant aujourd'hui ? Et j'ose dire que oui, au moins en partie. Tout d'abord intéressant d'un point de vue historique, car on remarque rapidement avec les descriptions de l'auteur que les canons de beauté de l'époque (les poils, les touffes, la pâleur, les formes) ne sont plus ceux d'aujourd'hui. Intéressant également car on y voit une panoplie de perversions et de fantasmes (viols, zoophilie, scatophilie, golden shower avant l'heure pour ne citer qu'eux...), qui prouvent bien que nous ne vivons probablement pas – avis aux déclinistes – dans une société plus décadente sexuellement qu'à l'époque. Certes Internet a changé la donne, mais les perversions/fantasmes restent plus ou moins les mêmes, siècle après siècle.

Fin bref, Les Exploits d'un jeune Don Juan n'est pas un livre à offrir à votre grand-mère à Noël et peut même devenir pénible à lire, selon votre sensibilité... Toutefois, son format court et son contexte historique intéressant en fait un livre facile à lire et accessible à tous les budgets (merci Folio 2€ !), qui vous fera lire de l'Apollinaire comme vous ne l'avez encore jamais lu.