La lecture de cette incontournable œuvre de Charles Baudelaire m'a inspiré un poème. Le voici :
L'horloge des saisons
Avec sa peau de soleil et ses mèches crépusculaires
Il s’endort après nous avoir dérobé l’hiver
En l’air, une pluie de miel tout à coup chante
Click ! Clock ! Dans la forêt hurlante !
Paupière géante, monocle de lune
Éternel espace du jour nocturne
Ton ventre se gonfle de fœtus démoniaques
Quand le ciel caramel cèle, tic ! Tac !
Les arbres rouges sont verrouillés
Petit à petit par la voile actée
Clefs étoilées dans des serrures floues
Tournoient au rythme des danseurs mous
Berceaux sans enfant, lueurs d’abricots
Dans un coin de printemps, au fond, devant
Dissimulent précieusement des squelettes clos
Qui chantent impatients, grinçants, riants
Les hautes collines noires sont des œufs gigantesques
Percées par des poings de bronze aux curieuses fresques
Qui laissent couler le sang mort, le charbon divin
Vers des rivières versant ce délicieux vin
Traces brillantes d’étés
Empreintes moites d’automnes
Champ noir déshabillé
Tempête blanche qui raisonne
Petite fillette défigurée
Sur ta balançoire brisée
Éclats vengeant
Visage souriant
Dans ton poing fragile réside ton bazar
Dans ton poignet se tient ton seul espoir
Dans tes ongles pourpres se cachent un répit
Dans ta paume frôlée se balance ta vie
Chute inopinée !
Là par terre
Toute terrorisée
La tête à l’envers…
Où sont les ombres aux milles bras qui te vénèrent ?
Des larmes de neige d’elle, soudain se répandent
Au rythme du vent et de sa petite mélodie
Jusqu’à l'atlantique et son fond regard d’amande
Deux yeux fleuris, depuis longtemps endormis
L'océan et ses langues sanguines écrivent sur le sable
Des codes inédits qui dévoilent le refuge du diable
Astres suspendus, ficelles de lumières
Jugent d’en haut, une nouvelle ère
Chapeau mort tout droit dehors
Mains aux corps, doigts sonores
Costume cynique tout organique
Referme le tout en quelques clics
Terre ridée, bois étouffés
Repères tracés et décimés
Plan de sang, rang de gens
Devant le temps d’avant
Chambre de verre
Gorgée de lumières
Brûlant soupir
Avant de partir
Vas-tu maintenant les laisser mourir ?
Le vent se vend au temps
La chair se ferre en l’air
Le néant attend le chant
Le père perd la prière
La lune allaite les nuages
Le soleil noir est effaré
Le ciel tourne une page
L’œil nu est interloqué
On court sur les touches de piano
Escalier de musique éternelle
On chante des averses de fado
Au dessus pour les ribambelles
Riffs tentaculaires
Poussière de cuivre
Parole de tonnerre
Gros rythmes ivres
Circuit lent
Tapisserie d’aiguës
Gestes stridents
Sourires décousus
Les masques dansent autour des enfants
Les yeux se chargent, tonitruants
Et un géant, ailé d’argent
Aux hurlements sans fin de violons
Détient fermement dans son gant de plomb
D’un noir aussi sombre que le charbon
L’horloge des saisons...