Vannevar Morgan est le concepteur du pont qui, au cours du XXe siècle, franchit le détroit de Gibraltar. Cette fois, il se propose de lancer un pont vers l’espace : une station orbitale reliée à la Terre par un réseau de câbles, le long desquels un transporteur spatial permettrait, tel un ascenseur, d’envoyer sans risque et à moindre coût hommes et matériel dans l’espace. La base de cette construction doit être installée le plus haut possible et sur l’équateur. L’emplacement idéal est donc l’île de Taprobane. Mais voilà, le sommet de la Montagne Sacrée du Yakkagala est occupé par un monastère et c’est un lieu de pèlerinage depuis plusieurs millénaires. Morgan pourra-t-il mener son projet jusqu’au bout ?
Avec Les fontaines du Paradis, on retrouve les qualités bien connues des écrits d’Arthur C. Clarke : des idées originales ainsi que la fameuse étiquette de sense of wonder qui lui colle si bien à la peau depuis 2001 : L’Odyssée de l’espace et Rendez-vous avec Rama. Autre habitude de l’auteur : le récit fourmille de détails techniques. Le roman est plutôt court (450 pages) et adopte vite un rythme très rapide, avec un grand nombre de chapitres très brefs (certains feront moins de 3 pages). Autour de la trame centrale constituée par le projet de construction de la tour spatiale, le lecteur est gratifié d’une page de l’histoire de l’île de Taprobane (largement inspirée du Sri Lanka où Clarke a vécu les 50 dernières années de sa vie), et de la visite d’une sonde extraterrestre.
Malheureusement, ces ingrédients supplémentaires ne sont pas du tout intégrés au récit, et ne jouent finalement aucun rôle dans cette histoire, dans laquelle il ne se passe en fait pas grand chose. Les aléas de l’installation sur le sommet de la montagne sacrée sont rapidement résolus, et le roman se termine sur un épisode d’incident technique à la Apollo 13 qui est tout sauf passionnant. La résistance des moines, la tentation martienne, le financement du projet, et d’autres éléments encore sont installés à la hâte et évacués encore plus vite. Les personnages subissent le même sort funeste, disparaissant aussi subitement qu’ils sont apparus.
Reste donc l’idée centrale du livre : l’avenir de l’exploration spatiale repose sur la construction d’un ascenseur qui fera baisser les coûts et les risques… Mais qu’en reste-t-il à l’époque des lancements des Falcon Heavy ?
Prix Hugo du meilleur roman en 1980, Les fontaines du Paradis est une oeuvre très décevante, superficielle, et dans laquelle on s’ennuie beaucoup.
Les fontaines du Paradis