Je vais essayer de faire court : les Furtifs, c'est la Zone du Dehors, avec les mêmes personnages que dans les deux précédents romans de Damasio, en moins bien écrit et sans envergure.
Pour dire à quel point ce livre m'a gonflé, quand je l'ai eu fini, ça a été la première fois de ma vie que j'ai pris la décision d'aller le revendre à un bouquiniste...
Je ne sais pas pourquoi, mais quelque part je m'y attendais un peu. Il commençait à y avoir un peu trop de hype, le pitch me semblait un peu faible, et je craignais que Damasio nous fasse du Damasio. Et c'est exactement ce qui s'est passé. La prochaine fois, j'écouterai mon 'gut feeling'.
Le bouquin a commencé à me tomber des mains à la 30e page. C'est poussif, convenu, inutilement alambiqué, Damasio qui veut nous en mettre plein la vue avec son écriture et sa typoésie qui alourdissent le tout comme jamais, et en réalité passe son temps à se regarder écrire. L'histoire est déjà ringarde depuis 10 ans, les thèmes qu'il aborde l'ont déjà été à foison et la seule chose qui m'a fait croire jusqu'au bout qu'on aurait un retournement scénaristique qui rattraperait le bouquin, c'était les nouvelles aptitudes liées au Furtifs. Mais en fait non, ça n'apporte quasiment rien à l'histoire, il développe à peine, et le reste, il le délaye, le délaye, on étire, on circonvolute, on fioriture, on fait tout à part aller un peu à l'essentiel.
Jusqu'à son personnage qui s'exprime dans un sabir argot/techno/gitano/geeko/mon cul, la façon de parler que personne n'a jamais vue ni entendue sur cette planète. Et Damasio qui continue de nous dérouler son prêchi-prêcha du grand soir façon ça excite les citadins branchés qui lisent Télérama ou les Inrocks. Et alors entendons-nous bien : je suis très sensible à ses idées de manière générale, mais si c'est pour nous resservir un discours anar édulcoré totalement repompé de sa Zone du Dehors, ce n'était vraiment pas la peine de se fatiguer. La Zone du Dehors est bien plus radical et bien plus exotique.
Dans les Furtifs, un des climax se situe à... Porquerolles. Mais Porquerolles, quoi. Merde, pourquoi pas Vesoul, ou Brive-la-Gaillarde ? Et je ne veux absolument pas être condescendant ou moqueur avec ces villes, c'est simplement qu'en terme de SF, il y a un moment où soit tu assumes et tu fais un truc intimiste, et donc oui, ça peut se passer dans n'importe quel bled, soit tu veux que ça ait de l'ampleur (et c'est censé en avoir, puisque ce sont des sujets universels) et donc tu tentes un truc un peu plus épique que Porquerolles. C'est comme si tout le Seigneur des Anneaux se passait dans la Comté...
Mais bon, je suppose que c'est en ligne avec le discours de relocalisation, de circuit court, etc... Et à nouveau, je passe pour un blasé conservateur, alors que pas du tout, c'est juste que c'est tellement traité avec les pieds que ça me laisse un goût de gauche caviar qui fait frissonner la ménagère cadre-sup.
Surtout quand Damasio, d'un coup, prend la décision de nous faire un blog de ses vacances à Bornéo. Voilà, faites-en ce que vous voulez. On ramène une culture et une spiritualité indigènes pour essayer de densifier le propos et faire des ramifications ésotériques. Oui mais voilà, c'est raté.
Je ne vais pas développer sur tout ce qui ne va pas, et je vais faire ce que je reproche à Damasio, aller à l'essentiel.
Si vous ne l'avez pas lu, deux options :
1) Passez votre chemin, et si vous n'avez pas lu la Zone du Dehors, jetez-vous plutôt sur celui-là.
2) Passez votre chemin, et si vous avez lu la Zone du Dehors, hé bien allez découvrir d'autres auteurs.