L'histoire d'un possible
Thibault et Mathilde sont deux êtres solitaires que la vie a blessé.
Le chemin de cet homme et de cette femme, nous le suivons de manière parallèle en cette journée particulière du 20 mai.
Depuis des mois, la jeune femme, veuve et mère de trois garçons qu'elle élève seule, est mise "au placard" au sein de son entreprise pour avoir tenu tête à son supérieur et montré qu'elle, une femme, avait raison. Revenchard son ancien collaborateur a décidé de la détruire.
Depuis des mois elle vit une descente aux enfers à laquelle elle ne voit aucune issue.
Depuis des années Thibault aime une femme qui ne l'aime pas comme il voudrait. Il est enfin arrivé à la quitter. Depuis des années, cet homme ne vit que pour son travail.
En nous exposant le portrait de ces deux archétypes des gens de notre monde actuel, Delphine de Vigan met le doigt sur les dérives de notre société de plus en plus inhumaine et pragmatique. La négation de l'individu, que ce soit dans sa vie professionnelle ou amoureuse est de plus en plus courante mais n'en est pas moins destructrice et source de douleurs.
La dictature de la performance devient une simple violence ordinaire à laquelle personne ne réagit, même plus ceux qui en sont les victimes.
La violence subie est peinte avec une pâte d'autant plus marquante qu'elle demeure invisible et silencieuse à ceux qui ne la subissent pas.
Tout au long des ces quelque 280 pages la question posée est la suivante : Vont-ils arrêter de se "croiser" pour arriver à se "rencontrer" ?
En ce 20 mai, dans les couloirs du métro, dans un café ou sur les quais d'une gare ils ne se voient pas. lls passent à côté de la chance de leur vie. Ils pourraient s'aider, se soutenir, et se débarrasser mutuellement de leur tristesse qui les étouffe en la laissant s'envoler, la confiant à l'autre.
Un combat perdu d'avance vaut-il la peine d'être engagé malgré tout ?
Si la grandeur de l'individu se doit d'être préservée, il est absolument nécessaire qu'il le soit.
On ne peut savourer son bonheur qu'en ayant goûté le malheur. Mais un trop plein de malheur n'empêche-t-il pas de le saisir quand il se présente à vous et qu'il frappe à votre porte ?