Les Lisières par matatoune
J’ai adoré ces lisières. Il y a tellement de justesse dans ce personnage écrivain à la marge, à la lisière de son clan, de sa vie, de sa classe sociale d’origine, de celle de son appartenance actuelle. J’ai adoré ce livre. J’ai adoré ce Paul STEINER à la dérive qui essaye de surnager dans ce monde de noirceur, notre univers qui décortique tous les aspects psychologiques de sa personnalité sans tendresse, forçant le trait du mépris, du dégoût de lui-même et de son incapacité à vivre. Jamais à sa place, ce héros incarne la France à travers ses lisières, de sa périphérie abandonnée par tous, les politiques, les médias, la culture…sans avenir, sans après, ignoré de tous.
Le thème de la fuite, mais aussi du refuge sont omniprésents. Olivier Adam brosse le portrait d'ouvriers, d'employés, de cadres moyens en proie à la crise économique mais aussi à celle de la perte de repères. Cette idée de mettre en scène un double est saisissante qui à travers son retour va faire le trajet de la reconquête de lui-même. A travers le récit, l’auteur embrasse tout l’univers d’une génération, d’un milieu et d’une classe sociale.
Ce désarroi, cette distance culturelle, sociale sur ses origines nourrit ce regard qui dépeint cette réalité.
Olivier Adam a déclaré dans plusieurs interviews : « Plus je me rapproche de moi plus je m’approche des choses ». C’est une réussite. Bien sûr, Olivier Adam n’aura pas le Goncourt. Il est déjà expulsé de la dernière sélection. Et, heureusement, car il pourrait y perdre son âme !