Deux préadolescents, leur enseignante, la mère de l’un d’eux. Quatre personnages qui tissent de leurs voix le huitième roman de Delphine de Vigan. Un ouvrage dense qui aborde en un peu plus de deux cents pages différentes questions de société, tournant majoritairement autour de l’enfance : maltraitance, mal-être, souffrance enfouie, reconstruction.
Comment (sur)vivre quand les parents ne parviennent plus à jouer leur rôle ? Quelle position adopter quand la seule solution semble être le silence ? Des questions que l’on devine au cœur même de la trajectoire de Delphine de Vigan, tant sa description de ces loyautés, ces « liens invisibles qui nous attachent aux autres […] ces lois de l’enfance qui sommeillent à l’intérieur de nos corps » est juste. De Théo, qui préfère s’effacer doucement, à Mathis, son ami enfermé dans la promesse tacite de ne rien dire, en passant par Hélène, la prof de SVT impliquée – peut-être trop ? – ou Cécile, la mère de Mathis attentive mais emprisonnée par l’image qu’elle veut renvoyer, les quatre voix qui constituent Les loyautés forment un bel ensemble polyphonique.
Sec et direct, ce roman – dont le seul défaut serait d’être trop court – évite magistralement tout pathos. Point de psychologisation dans Les loyautés. Un seul mot suffit pour évoquer en chaque lecteur une histoire de loyauté. Son histoire.
Publication originale sur likeinthemoviesblog.wordpress.com