Le livre que j'aurais adoré adorer...

*Attention Spoiler*

Je me suis lancée dans Les mains du miracle avec pas mal d'attentes parce qu'il m'a été recommandé par des amis mais je repars frustrée.

L'histoire, en plus d'être vraie est belle et paraît tellement incroyable que même l'auteur a douté de sa véracité mais je n'ai pas accroché parce que, pour moi, il manquait d'émotions. Les personnages me paraissent fades et n'évoluent pas d'un pouce du début à la fin. On peut tous les réduire à certaines idées ou lignes de conduite qu'ils tiennent en permanence.

Dès leur première apparition on sait qui ils sont alors que l'auteur dresse un climat d'angoisse, de méfiance et de trahisons.

La famille de Kersten par exemple est toujours évoquée comme une entité unique déplacée de pays en pays. Ses enfants ne sont même pas décrits et on ne sait rien de leur caractère ni l'attachement qu'à la héros à sa famille (peur qu'il leur arrive quelque chose, comment il vit le fait de ne pas être près d'eux...). Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, on nous décris des amis dont on a jamais entendu parler donc leur sort ne nous touche pas.

Et puis les scènes sont des longues descriptions de sentiments, gestes ou paroles ou rien n'est suggéré et à grand renfort de pathos. Les personnages n'interagissent pas entre eux, mis à part Kersten et Himmler mais là encore pour moi ces dialogues sont sans intérêt (qu'est ce qui a fait que Himmler vénère Hitler, quelles sont ses motivations, envies peurs... Non, il a surtout mal au ventre parce qu'il s'énerve).

Et pour la structure c'est pareil, j'ai mis 4 semaines à le finir parce qu'on a aucune surprise:

Kersten propose quelque chose, Himmler dit non, Himmler à mal, Kersten le soigne, Himmler accepte: on répète ça une quinzaine de fois et voilà (et comme par hasard Himmler se fait toujours avoir).

Il est vrai que Kessel raconte une histoire vécue mais ça aurait été tellement mieux de voir le cheminement intérieur de Kersten, de le voir se sentir de plus en plus à l'aise en Allemagne, de se demander ou et dans quel pays était sa place, de voir son regard changer sur Himmler et la façon dont il perçoit son pouvoir... Alors que là il est tout ce qu'il y a de plus vide.

Je ne suis sûrement pas objective en jugeant le livre non pas sur ce qu'il est mais sur ce qu'il aurait pu être mais pour moi l'histoire était trop belle pour être racontée comme ça.