Les Mensonges de Locke Lamora est un livre qui est arrivé entre mes mains totalement par hasard, grâce aux conseils d'un anonyme avisé que j'ai rencontré alors que je me promenais dans le rayon « Fantasy » de mon Furet du Nord local. Et comme le hasard fait bien les choses, j'ai de suite été charmée par les aventures des Salauds Gentilshommes.


Les Salauds Gentilshommes forment une bande de voleurs officiant dans la ville de Camorr, très inspirée du Venise de la Renaissance. S'ils se font passer pour des tire-laines sans grandes ambitions ni grands résultats, ils sont en réalité des cadors de l’esbroufe qui enchaînent gros coup sur gros coup. Dirigés par Locke Lamora, génie du travestissement et des mensonges en tous genre, ils n'hésitent pas à s'attaquer aux nobles de la ville malgré les accords passés avec le parrain (ou ici, cappa) local. Malheureusement pour eux, plus on s'approche du sommet et plus le vent souffle fort, et nos Salauds ne vont pas tarder à en faire la douloureuse expérience.


Que dire que dire… ? Tout, ou presque, est impeccablement posé. L'univers est superbement présenté et offre des lieux aux atmosphères très différentes : on alterne entre la crasse et la misère des quartiers de Prendfeu, de La Lie ou du Chaudron, pour ensuite se diriger vers les marchés agités de la Foire Changeante sans oublier un crochet par les très aristocratiques Cinq Tours. La ville paraît d'emblée très vivante et en devient quasiment un personnage de l'intrigue à elle seule.


Les personnages sont tous excellents. Les Salauds sont très attachants et forment une véritable fratrie, où chacun est prêt à sacrifier sa vie pour l'autre. Pour autant, ils ne forment pas une bande artificielle de Robin des bois : ils volent avant tout pour le plaisir de voler, et n'hésitent pas à multiplier les combines douteuses pour parvenir à leurs fins. Tous ont leurs qualités et leurs faiblesses, même notre protagoniste, Locke Lamora, qui se révèle incapable de se battre correctement et qui est rongé par sa propre ambition au point d'en oublier toute prudence. C'est d'ailleurs ce que j'ai préféré dans ce roman : le groupe n'a pas de membres « optionnels », tous se complètent et sont indispensables à la réussite des manœuvres mises en place et tous sont donc diablement intéressants.


Enfin, les intrigues présentées sont passionnantes et riches de rebondissements : outre l'initiation du jeune Lamora et de ses pairs qu'on suit par intermittence, le roman cumule la mise en place de la plus belle arnaque jamais élaborée par les Salauds, et l'arrivée d'un nouveau joueur dans la partie de dupe menée par la pègre de Camorr, à savoir le mystérieux -et léthal- Roi Gris. On aurait pu craindre que les trois histoires finissent par s'étouffer l'une l'autre, mais en réalité elles s'enrichissent mutuellement et s'emboîtent de façon très cohérente. Du grand art, encore une fois…


Ajoutez à cela l'écriture drôlissime et précise de l'auteur, couplée à de grands moments de très forte émotion, et vous obtenez sans aucun doute un des meilleurs romans de Fantasy publiés ces dernières années. J'ai vraiment hâte de lire les prochains tomes, et les Salauds sont désormais arrivés à une haute marche de mon podium personnel...

Sigynn
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs livres de fantasy

Créée

le 24 juin 2015

Critique lue 512 fois

3 j'aime

1 commentaire

Sigynn

Écrit par

Critique lue 512 fois

3
1

D'autres avis sur Les Mensonges de Locke Lamora

Les Mensonges de Locke Lamora
Asarkias
8

Premier livre, première pépite...Bravo Lynch.

Généralement peu friand de fantasy, de dragon et autre sorcellerie, Les salauds gentilshommes est un série qui m'attirait tout de même depuis un certain temps car elle semblait correspondre à l'idée...

le 18 févr. 2015

10 j'aime

7

Les Mensonges de Locke Lamora
Mawelle
9

Lecture jubilatoire !

Qu'on se le dise, la fantasy n'est pas un sous-genre. Depuis quelques années, les hautes sphères de la critique l'entendent, ce n'est plus seulement une lecture de mâââle dominant et d'adolescent...

le 1 mars 2017

4 j'aime

4

Du même critique

The Young Pope
Sigynn
8

Exquises contradictions.

« Je suis une contradiction » annonce, dès le premier épisode, le pape Pie XIII, incarné par Jude Law. Une contradiction qu'il compare à Dieu, unique mais et trois, ainsi qu'à Marie, vierge...

le 1 nov. 2016

26 j'aime

3

L'Océan au bout du chemin
Sigynn
10

Ce livre est en lui-même un bien bel océan

Woah. Que dire d'autre ? The Ocean at the end of the lane est, à mon sens, un livre quasi parfait. On ne sait pas trop à quoi s'attendre en ouvrant ce roman. Et pourtant, une fois ouvert, c'est un...

le 2 sept. 2013

22 j'aime

2

La Domination masculine n'existe pas
Sigynn
3

J'ai mal à ma science.

Établissons quelque c­hose d'entrée de jeu ­avant d'aborder ce li­vre : contrairement à­ la façon dont elle a­ffirme présenter son ­travail, Peggy Sastre­ est loin d'employer ­une démarche...

le 28 déc. 2016

18 j'aime

11