Cet avis concerne le tome 1 (sur 4), soit +/- 500 pages.
Vous pensiez tout savoir sur les légendaires "Mille et une nuits" ? et bien je commence mon avis par un scoop : il s'agit d'un roman et non d'un recueil de contes.
Bien sûr, ce roman est composé de contes mais ceux-ci sont tous liés à des protagonistes récurrents que sont notamment la sultane Shéhérazade, sa sœur Dynarzad et son époux Shahryar, sultan des Indes.
Ce dernier ayant fait exécutée sa femme pour la punir de son infidélité, décide d'épouser chaque jour une nouvelle jeune fille et de l'exécuter au lendemain de la nuit de noces. S'ensuit un carnage épouvantable jusqu'à ce que la fille du grand vizir, la rusée et courageuse Shéhérazade, se porte volontaire pour rejoindre la couche du sultan. Elle demande à ce que sa sœur dorme dans la chambre et ordonne à celle-ci de lui réclamer une histoire avant que ne pointe le jour...
Ainsi commence pour Shéhérazade un défi narratif : captiver suffisamment son époux pour qu'il renonce à la faire assassiner dans le but de connaître, la nuit suivante, la suite de son récit. "Les Mille et une nuits" sont en réalité un enchevêtrement d'histoires et de contes mis en abyme et en miroir les uns des autres. Dans ces conditions, l'art de ménager le suspense prend un sens majeur et vital : celui de maintenir l'attention du sultan de manière à ce que la sultane le garde sous l'envoûtement de ses récits et lui laisse ainsi, nuit après nuit, la vie sauve.
De tradition perse et musulmane, "Les Mille et une nuits" sont une œuvre majeure exceptionnelle de la tradition orale et du patrimoine littéraire universel. Savoureuses, cruelles, érotiques, aventureuses, parfois drôles, inventives, les histoires de Shéhérazade sont réellement envoûtantes même si on peut facilement s'y perdre. Dépaysement garanti dans le temps et l'espace. Lyrisme et imagination au rendez-vous. On apprend aussi beaucoup sur les us et coutumes, et les traditions de l'Asie mineure.
Il y a quelque chose d'homérique dans la façon de raconter, surtout dans des épisodes longs tel que celui de "Sinbad le marin" dont la figure n'est pas sans rappeler celle d'Ulysse.