Pour qui a lu, comme moi, tous les grands romans de Dostoïevski, difficile de s’enthousiasmer pour ce très court opus du grand écrivain russe. Début assez abscons, histoire d’un romantisme qui vire à la niaiserie, absence d’enjeu philosophique, personnages auxquels il manque cette folie caractéristique du maître, intrigue invraisemblable (l'amoureux attendu qui ne s'était jamais manifesté, qui passe par hasard dans le parc et qui hop, emporte la belle !).
Je précise que Crime et châtiment, L’Idiot et Les frères Karamazov figurent tous trois au sommet de mon panthéon personnel. Sans doute Fedor ne trouve-t-il sa mesure que dans les gros pavés…
Le joueur ou L’éternel mari avaient pourtant aussi leur force. Ici, je me suis agacé des minauderies incessantes de ces deux blanches colombes. Où est passé le caractère grinçant, subversif, du Dostoïevski que j’aime ? Mystère. Quelques trouvailles surnagent tout de même : le dialogue du narrateur avec des maisons, l’épingle qui maintient ensemble la jeune fille et sa grand-mère. Un peu de cruauté aussi tout de même, dans le sort de cet amoureux transi que Nastenka supplie de lui garder « son amitié »… Mais tout cela est enveloppé dans un tel emballage fleur bleue que cette tension perd presque toute sa force. On est presque chez Stefan Zweig, dans son penchant le moins aimable à mes yeux, sa tendance au mélo.
Bien du mal à comprendre la cote très élevée de la chose (7,9 !) à l’heure où j’écris.