Les nuits de Reykjavik marquent la remise à zéro de la saga (islandaise) d'Erlendur. Puisque notre commissaire, alors jeune garçon taciturne, y fait ses début dans la police de proximité islandaise. Ce roman sera d'ailleurs suivi par "Le lagon noir", dont la trame de l'intrigue à venir est d'ailleurs introduite ici. Allez savoir pourquoi, je les ai lus dans l'ordre inverse. Les chronologies d'Indridason doivent sans doute dérouter mon bête esprit cartésien :
https://www.senscritique.com/livre/Le_lagon_noir/critique/131606295
Pour en revenir à l'objet de cette critique, disons qu'il s'agit d'un bouquin sombre, très sombre. Erlendur, affecté à l'équipe de nuit, se prend d'empathie pour un clochard, qui meurt dans des circonstances suspectes peu de temps après. Il va donc mener l'enquête, sans mandat officiel, et nous offrir une balade dans le monde des SDF de Reykjavik. Autant dire que l'on y croise nombre de personnages blessés et amochés par la vie. Et reviennent en outre à intervalles réguliers les description des rondes de nuits qu'il effectue, cette fois très officiellement, avec ses deux équipiers. Ce qui rajoute une bonne couche de misère du monde : alcoolisme, accidents de voiture, dope, violences conjugales...
Du coup, avec cette histoire de jeunesse d'Erlendur, le roman se déroule dans les années 70. Mais il est en même temps très actuel, on pourrait même se laisser aller à penser que les choses ont empiré aujourd'hui. A côté de cela, il y a quelque chose de touchant dans la manière qu'Erlendur a de se préoccuper, avec douceur et pugnacité, des rebuts de la société islandaise, dont il est manifeste que le sort ne préoccupe pas grand monde parmi ceux qui sont mieux nantis socialement parlant. Mais qui finiront également par en prendre un peu pour leur grade.
Tout ça nous fait un roman pas franchement chargé d'espoir, mais également empreint d'une profonde humanité. La marque de fabrique d'Indridason, en fait.