Voilà un livre assez déplaisant à lire, mais néanmoins intéressants par certains aspects.
Le livre se construit en 3 parties :
- Première partie : explication psychologique, sorte d’âge d’or perdu de la vie de deux demis-frères, Michel (un scientifique quasi asexué) et Bruno (un « littéraire » obsédé), tous deux abandonnés par leur mère et leurs pères.
- Deuxième partie : le présent, sale et glauque avec beaucoup de sexe et une frustration pourtant quasi permanente.
- Troisième partie : ouverture sur le futur, plus sereine, avec l’apparition (ou réapparition) des femmes.
Le style fait un peu documentaire, comme s’il expliquait pour quelqu’un d’étranger au monde (descriptions de détails anodins) avec des passages qui font presque Wikipedia (ça s’explique vu la fin). Il a parfois une juxtaposition de 2 morceaux de phrase apparemment non lié mais qui produisent un effet comique ou surprenant sur le lecteur. Il y a peu de métaphores, parfois un style oral et un fréquent usage du présent de vérité générale, on dirait que tout est immuable, que « c’est ainsi ». C’est assez énervant quand Houellebecq nous fait par de considérations douteuses sur la supposée nature des hommes et des femmes.
Enfin c’est assez accrocheur, bien construit narrativement et heureusement sinon j’aurais probablement arrêté ma lecture en cours de route à cause du fond qui est assez insupportable. Certains passages sont insoutenables à cause d’un mépris de la vie d’autrui et de sa dignité, surtout le passage où il décrit les trucs sataniques qui m’a presque fait arrêter la lecture.
Les (nombreuses) scènes de sexe sont techniques, descriptives, cyniques, pornographiques et finalement ennuyantes. Bruno est pathétique : il n’a aucune considération pour la personne, seulement pour le corps, il perçoit toujours les femmes selon leur physique, leur gentillesse le dérange car il les trouve hypocrite parce que lui-même est incapable d’aimer.
Pourtant, les personnages féminins (Annabelle et Christine) sont 100% positif, ce qui contraste avec la vision chosifiante des femmes présenté tout du long via les yeux de Bruno.
Il y a sans cesse dans ce livre l’idée de quelque chose de perdu, et aussi d’un mauvais timing qui brise une vie qui aurait pu être heureuse (Michel qui n’ose pas ou ne veut pas embrasser Annabelle qui est pourtant parfaite, et plus tard Bruno qui ne répondra pas assez vite à l’appel de Christine).
Apprenez à aimer ! Merde !