Publié sur L'Homme qui lit :
Vous pourriez me trouver snob, mais je n’aime pas Noël. Les cadeaux, les réunions de famille, les repas interminables, ce n’est pas mon truc, c’est comme ça. Ne parlons même pas des festivités du nouvel an… Pourtant chaque année, le mois de décembre voit naître en moi une certaine impatience que la petite rentrée littéraire, la rentrée d’hiver comme on l’appelle parfois, vient récompenser avec la sortie en librairie du désormais traditionnel « nouveau Besson ».
Cette année, l’auteur nous emmène dans la chaleur humide des rues lisboètes. Dans un hôtel qu’on imagine luxurieux et à la fois baigné d’un certain cachet historique, un homme aborde une femme. Il ne sait pas trop expliquer pourquoi, peut-être parce qu’ils sont tous deux français, mais la voir chaque jour dans le patio de cet établissement, seule, lui donne envie de l’aborder.
Très vite, ces deux là scelleront un pacte tacite, celui de se raconter, de mettre des mots sur la tristesse dans laquelle ils sont drapés, sans espoir de se revoir, d’aller au delà de cet échange. Elle raconte la douleur, la souffrance et le vide qui l’habitent depuis qu’elle a perdu son mari lors du grand tremblement de terre qui a ravagé San Francisco, où il était entrain de travailler.
Il raconte ce vide qu’il tente de remplir de garçons éphémères depuis que son compagnon l’a quitté, ces soirées qu’il termine aux bras d’amants d’un soir, glanés dans les lieux festifs qu’offre la ville. Ils partagent cette triste solitude des êtres abandonnés par ceux qu’ils aiment, et sans en avoir conscience, parviendront tous deux à s’aider, à se soigner de cette envie d’exil, de solitude.
Ce livre est, à l’instar de tous les romans de Philippe Besson, un livre magnifique, à l’écriture ciselée : c’est un formidable roman sur le deuil. L’auteur parvient à mettre en mots les sentiments les plus variés de nos expériences humaines, que ce soit l’amour, la tristesse, la souffrance, le doute, l’apathie ou encore l’abandon. Ce roman ne fait pas défaut aux livres précédents, et tient toutes les promesses que la sourde fébrilité de l’attente avaient créées, en offrant un plaisir de lecture inégalé, que seule la plume de Besson sait faire naître. Vivement l’an prochain…