De Philippe Besson, auteur qui ne rate aucune rentrée littéraire de janvier depuis 10 ans au moins, je n'avais lu quelques titres à l'écriture agréable, variations sur des thèmes tournant autour de l'absence, de l'ambivalence, du manque, qui ne m'avaient ni déplu ni emballé, compagnons de moments agréables mais vite oubliés.
Ces passants lisboètes me furent prêtés par une lectrice qui, sans vouloir m'influencer me dit quelque chose comme ; "Je l'ai lu.... voilà... " qui finalement résumait assez bien mes impressions précédentes, une lecture agréable sans être marquante. Chez Philippe Besson, j'arrive à me rappeler des titres, revoir les couvertures, mais le contenu, l'histoire, s'évaporent très vite de ma mémoire.
J'ouvre donc l'ouvrage et, je l'avoue, le charme a opéré tout de suite. Une ambiance chic, voire surannée d'un hôtel que l'on soupçonne un peu classieux, enveloppe deux personnages, un homme que l'on devine solitaire et d'une femme, tout aussi aussi solitaire, qui passe ses journée assise sur la terrasse, le regard perdu dans le vague. Ils vont se rapprocher et dialoguer avec la franchise que l'on a parfois avec des inconnus rencontrés hors de chez soi. Une atmosphère mélancolique serpente entre les lignes, Lisbonne oblige ( un cliché ? on s'en fout, c'est agréable, c'est du roman). Le cadre est posé, nous serons dans la douceur des choses, dans une approche lente et sensible de ces êtres qui ont tous les deux en commun d'avoir perdu un proche.
La première partie du roman prend garde à avancer avec l'élégance des timides. Les enjeux n'ont rien de sensuels. Même si les propos peuvent apparaître comme intimes, nous sommes dans une fraternité entre personnes brisées. Leurs face-à-face, mélange de retenue, de détresse et de franchise, ont le charme des rencontres inespérées. L'histoire progresse lentement. On a l'impression d'être dans quelque fauteuil cosy d'un bar de grand hôtel où tout est feutré et policé. On est bien.
Mais au fur et à mesure que les confidences avancent, le roman commence à brinquebaler un peu. Si les personnages gardent toujours cette élégance assez séduisante, leurs histoires respectives, aussi terrible soit elle pour elle, aussi banale soit elle pour lui, ont eu du mal à me convaincre. Trop film catastrophe pour l'une, un peu clichetonne pour l'autre, elles ont du mal à s'insérer dans cette atmosphère joliment créée. Autant la description des sentiments, juste et sensible, m'a vraiment touché, autant les récits des disparitions des proches m'ont paru trop explicatifs.
Sans parler de la fin, un peu poussive, qui tire le roman vers la bluette de gare, j'ai donc un sentiment mitigé.
La fin sur le blog
http://sansconnivence.blogspot.fr/2016/02/les-passants-de-lisbonne-de-philippe.html

pilyen
6
Écrit par

Créée

le 2 avr. 2016

Critique lue 442 fois

1 j'aime

pilyen

Écrit par

Critique lue 442 fois

1

D'autres avis sur Les Passants de Lisbonne

Les Passants de Lisbonne
Pouyou
8

Critique de Les Passants de Lisbonne par Pouyou

Deux naufragés font connaissance dans un hôtel au charme suranné situé dans une ville en bord de mer. La mer est assassine pour Hélène. Elle lui a ravi son mari, dans le tremblement de terre de San...

le 20 févr. 2016

8 j'aime

3

Les Passants de Lisbonne
CarolinePako
8

“La solitude rend sensible, non étranger à autrui.”

C'est le deuxième roman de Philippe Besson que je lis, que je dévore, avec lequel je vis quelques heures. Il s'appelle Mathieu, elle s'appelle Hélène ; ils ont un point commun : la solitude, celle...

le 27 août 2016

3 j'aime

Les Passants de Lisbonne
Thierry_Dupreui
8

Critique de Les Passants de Lisbonne par Thierry Dupreuilh

La sortie du nouveau livre de Philippe Besson est toujours un événement. On l'attend toujours avec impatience. Travaillant dans une médiathèque, je savais que ce roman intégrerait notre fonds,, Je...

le 29 févr. 2016

3 j'aime

3

Du même critique

Habibi
pilyen
4

Bibi n'a pas aimé

Il y a des jours où j'ai honte, honte d'être incapable d'apprécier ce qui est considéré comme un chef d'oeuvre par le commun des mortels. A commencer par mon libraire spécialisé BD qui m'a remis...

le 1 janv. 2012

35 j'aime

7

Grand Central
pilyen
3

Grand navet

J'ai vu le chef d'oeuvre de la semaine selon les critiques. Hé bien, ils se sont trompés, c'est un navet et un beau ! Cette fois-ci, ils ont poussé le bouchon tellement loin qu'ils risquent d'être...

le 29 août 2013

27 j'aime

18

Les Fantômes d'Ismaël
pilyen
3

Parlez-vous le Desplechin ?

Je le dis d'emblée, je n'ai jamais été fan du cinéma de Mr Desplechin. "Les fantômes d'Ismaël" confirment que je ne parle pas et ne parlerai jamais le "Desplechin" comme se plaît à dire le...

le 18 mai 2017

24 j'aime

1