A l’image de celle dans laquelle vivent pour un temps Tousseul et les enfants, lire Sturgeon est immanquablement une plongée dans une forêt d’impressions et d’inexprimé dont le point d’encrage est la solitude. Autour de celle-ci gravitent d’autres idées corrélées entre elles : l’incommunicabilité, donc l’incompréhension, donc le rejet de l’autre, de la différence. Enfin, dans le dernier tiers, une approche (un peu superficielle c’est vrai) des notions de morale et d’éthique.
Sturgeon est un écrivain qu’on pourrait qualifier d’humaniste, et qui utilise le procédé science-fictionnel (terme souvent inadéquat car Sturgeon semble plus porté vers le fantastique) non pas pour pousser les curseurs qui permettraient de définir l’humain (comme le fait un Greg Egan par exemple) mais pour évoluer celui-ci dans des mondes gangués, étranges desquels la nature humaine s’extrait.
Bien sûr le roman a des défauts : il semble inabouti, parfois confus, il s’enlise de temps en temps dans des détails descriptifs sur ce que font les personnages. Mais….
Sturgeon fait partie de ces auteurs que je n'aime pas noter, car les défauts comptent peu dans son oeuvre d'où émane toujours cette humanité qu'il s'est échiné à dégager, au moins un peu, de la tourbe dans laquelle elle s'enlise d'elle-même. C’est toujours touchant, poétique à sa manière, subtil.
Comme le dit un autre critique, c’est un auteur indispensable à tout lecteur.