Les Portes de la Maison des Morts est un roman des plus imposants, aussi bien pour sa taille, son poids et ses 900 pages que pour son contenu : un continent entier à découvrir, des peuples et tribus, des personnages par dizaines et des parcours enchevêtrés riches en rebondissements et action.
Si le premier tome était presque intégralement urbain, Les Portes de la Maison des Morts trace en parallèle d'immenses voyages au grand air. La lecture en est éreintante tant presque chaque instant de ce livre est dédié à la traversée de vastes étendues hostiles. Une certaine lassitude s'est installée chez moi par moments, n'en pouvant plus de suivre des personnages qui marchent, voulant enfin les voir arriver à leurs diverses destinations. Et si j'estime ce roman doté de passages superflus, avec des péripéties plus ou moins répétitives ou trop obscures pour être totalement comprises, je dois reconnaître que l'attente valait le coup. Ce roman délivre des scènes dantesques. À plus d'une reprise je me suis fait la réflexion que ce que je lisais était digne d'une fin de roman alors que je n'en étais qu'au quart, qu'au tiers, qu'à la moitié,... Les Portes de la Maison des Morts alterne entre passages en demi-teinte et explosions épiques trépidantes. Comme dans Les Jardins de la Lune, nous suivons le parcours de plusieurs (groupes de) personnages, et si ces intrigues mélangées ne se valent pas toutes, chacune d'entre elles a droit à d'excellents chapitres.
Pour la seconde fois Le Livre des Martyrs n'usurpe pas sa réputation de lecture difficile. Il faut encore une fois accepter de ne pas tout comprendre tout de suite. Il laisse malgré tout bien moins de questions en suspens que le 1er tome, dont la résolution avait de quoi faire hausser un sourcil ou deux, tout en apportant son lot de réponses bienvenues.
Le style d'Erikson est encore une fois efficace quoique parfois assez inutilement alambiqué ou avare en informations et détails, rendant la visualisation de certains passages ardus. Je pense par exemple à certains affrontements de grande ampleur qui peinent parfois à prendre pleinement pied dans notre imaginaire. Ces passages m'ont malgré tout beaucoup plu pour leurs proportions et leurs déroulés à chaque fois inventifs. Le lecteur est plus proche des personnages que dans le tome précédent, sans pour autant s'y identifier profondément : une distance subsiste.
Pour finir, le dernier tiers du roman est particulièrement réussi, étant parvenu à éveiller chez moi plus d'une émotion. Il est certain que je lirai le tome 3 dans un avenir proche, il me tarde de connaître les événements se déroulant en parallèle de ce tome 2.