La langue est merveilleuse, les personnages sont flamboyants, les rebondissements sont inattendus. De très belles comparaisons et mises en perspectives sur la présence de la France coloniale en Tunisie et celle de la France occupante en Allemagne en application du traité de Versailles dans les années 1920. De nombreux thèmes abordés: la religion au service du nationalisme, la place de la femme, le cinéma, la poésie, les rapports hommes-femmes, ... mais surtout, ce roman offre une réflexion nuancée, concrète et humaine du rôle de la colonisation dans l'histoire de la France et de la Tunisie. La densité des personnages permet d'ancrer la colonisation dans une réalité complexe. Ainsi, même si le roman rappelle sans ambiguïté que le système en place condamnait les colonisés a n'être que des citoyens de seconde classe, il est également rappelé que ce système était plus ou moins modifiés à la marge par certains hommes, que tous les colons n'étaient pas des salops et que la colonisation a été l'occasion de métissages fertiles.
Toutefois, réduire ce livre aux seules réflexions sur la colonisation serait injuste. C'est avant tout une très grande oeuvre d'imagination à la construction impeccable. Au-delà de la seule Tunisie, les personnages voyagent et nous font découvrir les années folles américaines à Hollywood, l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne, la province française de l'entre deux guerre, la montée du communisme en Europe et en Asie. C'est le roman de la mondialisation des année 1920.
J'aurais peut-être une réserve sur la fin. J'avais tellement envie de rester avec ces personnages que la fin m'a paru un peu expéditive mais il fallait bien trouver une fin...