Décevant, voilà tout. Autant je m'étais véritablement enthousiasmé pour les deux premiers ouvrages de cette trilogie (ton original, suspense, scénario inventif), autant "Les producteurs" apparaît comme un rajout à mon sens pas vraiment nécessaire. Une commande de l'éditeur ?
Il est vrai que les deux premiers tomes de la série formaient un tout cohérent, et que le second se terminait (en beauté) par la révélation des buts du CFR. Ils avaient aussi été publiés à deux ans d'intervalle, et cette suite arrive, eh bien, 5 ans plus tard. Si je voulais enfoncer le clou, je dirais qu'il faut savoir passer à autre chose, même après un beau succès.
Reste que l'on retrouve dans "Les producteurs" certaines des indéniables qualités narratives de Bello. Le scénario, s'il est mièvre pendant les 100~150 premières pages prend de l'ampleur dès lors que se profile l'histoire des Chupacs. Et la manipulation qui s'ensuit des opinions publiques sur les réseaux sociaux et médias tient bien la route. J'ai par contre eu plus de mal à me sentir transporté par l'histoire personnelle de Lena et par celle de ses relations avec Gunnar.
Ensuite, tout de même, le message humaniste qui été transmis dans les deux premiers opus se transforme ici en apologie ... de la médiation (la fameuse "concorde" des Chupacs), et tant qu'à faire, dans la postface, en tant que méthode de gouvernance ultime de l'humanité. Pas certain que le meilleur compromis entre les intérêts individuels de chacun soit la meilleure manière de prendre en considération l'intérêt collectif (enfin, c'est mon avis), n'en déplaise à l'arrière petit-neveu de Marcel Aymé.
Auteur qui est par ailleurs diplômé d'HEC, cela expliquant peut être son appétence pour le compromis entre individus, appétence que l'on pourrait également décrypter comme un signe des temps : en 2015, l'humanisme un peu idéaliste des Falsificateurs et des Eclaireurs ne serait il plus de mise ?