Le tueur malade, la machine, le scientifique, et ...
Les racines du Mal, oeuvre de Maurice G.Dantec datant de l'époque où il était encore considéré comme quelqu'un de fréquentable, est un roman déroutant.Si le mélange entre policier et anticipation fonctionne de manière ramarquable, l'histoire est éclatée en plusieurs parties bien distinctes, ce qui tranche complètement avec le confortable fil rouge auquel on pouvait s'attendre.
Les 150 premières pages forment une sorte de remake d' "Un tueur sur la route" d'Ellroy en plus trash et rythmé. Le roman débute sur des chapeaux de roue et maintient un rythme effréné. Tout va vite, trop vite, et l'on se demande comment l'auteur va t'il réussir à maintenir le niveau jusqu'a la fin des quelques 700 pages de l'ouvrage.
Réponse : en partant dans une tout autre direction. Le roman passe à la 1ere personne et nous suivons désormais les pas d'un scientifique, Arthur Darquandier, dont une machine de son invention, la "neuromatrice", risque bien de boulverser les méthodes d'investigations de la police criminelle dans un futur proche...Si cette partie est beaucoup plus calme et posée que la précédente, l'argument "SF" réussit à maintenir grandement l'intérêt.
Malheureusement, la fin est un peu trop rapide pour totalement convaincre. Amputé du personnage "marquant" de la première partie, le récit cherche donc ses enjeux chez un groupe de tueurs en série organisé dont on ne sera au final pas grand chose. Si beaucoup de détails sont données sur leur mode opératoire et leur système communication, les motivations propres a chacun des membres seront a peine esquissés au profit d'un climax certes grand guignol et jouissif, mais trop expédié pour ne pas laisser un goût amer dans la bouche.
Un début très immersif sur les traces d'un serial killer, une idée de "science fiction" très astucieuse, mais des personnages trop manichéens (Il est amusant de constater que le personnage le plus inquiétant et ambigu n'est autre que la neuromatrice elle même. ) et une fin tombant dans le thriller plus ordinaire donc. D'où la désagréable impression d'avoir lu deux romans : un grand livre et un divertissement modeste. Pas parfait mais très recommandable.