6ème et dernier volet tome du cycle des robots de l’humain Asimov. « Les robots et l’empire » tranche avec les précédents car il se déroule bien après la mort du célèbre détective Elijah Bailey qui était le héros des 3 tomes précédents.


200 ans après le tome antérieur, où la Terre venait de décider de commencer à coloniser d’autres planètes avec l’accord des Spatiens, les terriens se sont maintenant installé sur plusieurs mondes et le mouvement ne désemplit pas, la Terre fournissant un inépuisable réservoir de futurs colons. Les échanges sont fréquents avec la planète-mère, qui conserve une place prépondérante dans l’organisation et la culture des mondes coloniaux. Terriens et colons tiennent à se passer de toute aide robotique pour tout construire d’eux-mêmes, et vivre une vie pleinement épanouis sans assistance, tout ce qu’incarnent à leurs yeux les Spatiens, perçu comme des êtres décadents retranchés dans leurs mondes. Qui pourraient les menacer alors ? Des Spatiens, justement, qui au grand désespoir du Dr Fastolfe, ont refusé de tenter l’expérience coloniale. Sauf qu’avec l’expansion exponentielle des terriens, l’équilibre du pouvoir a changé. Si les Spatiens conservent toujours une supériorité technologique, ils se trouvent maintenant pratiquement encerclés par des terriens beaucoup plus nombreux. Inquiet de ce danger, ils pourraient bien tenter des solutions radicales… notamment sur la Terre, le monde central.


Ce danger, Elijah l’avait anticipé, et a chargé son fidèle partenaire et ami Daneel, et Giskard, robot aux capacités particulières, d’éviter que cela n’arrive. Les deux robots ont également eu comme tâche de protéger sa bien-aimée Gladia, belle Spatienne avec qui ils partagent une relation compliquée dû à leur différence de culture et d’origine. Gladia se retrouve maintenant avec un lourd fardeau sur les épaules, elle qui a passé la majeure partie de sa vie dans l’opulence et l’absence de soucis. Mais cette ancienne Solarienne, autrefois incapable de supporter les contacts directs, avait déjà du s’adapter à un monde aux coutumes bien différentes, et si au fond d’elle elle éprouve le désir de retourner à son insouciance, une autre partie d’elle aspire à ouvrir ses horizons et se sentir plus vivante. Et elle va découvrir qu’elle n’a pas fini de découvrir de nouveaux aspects de sa personnalité.


Daneel et Giskard doivent maintenant jouer les détectives à l’instar de leur défunt ami, mais malgré leur logique infaillible, il leur est bien difficile de comprendre le genre humain, d’autant qu’ils sont également limités par les 3 incontournables lois de la Robotique. Comment faire ce qu’il faut pour arrêter l’adversaire, si l’on n’a pas le droit de causer du tort, même lorsque de nombreuses vies sont en jeu ? Incités par l’importance des enjeux et des millions de vie sur la balance, ils tentent de pousser au maximum ces lois qui régissent tout leur comportement, au risque de s’endommager. Il leur est certes interdit de faire du tort à un être humain, mais l’intérêt du plus grand nombrene justifierait-elle pas de sacrifier l’état de quelques personnes ? Mais comment percevoir l’humanité comme une entité concrète ? Oui les milliards d’humains existent bel et bien, mais contrairement aux lois robotiques les lois qui régissent les hommes semblent bien complexes et abstraites. Giskard est d’avantage soumis à cette limitation. En effet ces capacités lui apportent un avantage considérable, mais représente également une grande source de nuisance, qui l’empêche de les utiliser pleinement.
Daneel invente alors le concept de Loi 0, qui lui permet d’agir en fonction de l’intérêt de l’humanité, et pour la première fois dans l’histoire de la robotique, un robot bien programmé contourne lui-même les 3 Lois sans provoquer de dommages.
S’il n’y a cette fois pas de meurtre à résoudre, il leur faut enquêter sur la source du danger qui menace la Terre, qui en est à l’origine et quels sont ses plans. Les monologues de Bayley qui suivait chaque piste (même si non pertinentes) sont remplacés par les dialogues silencieux entre les deux robots, qui tentent de contourner leur limitation pour remplir au mieux leur fonction. Toujours un peu répétitifs mais que j’ai trouvé cette fois plus intéressant, et plus pertinents. De même si j’avais trouvé quelques longueurs au précédent, le livre de celui-ci m’a paru beaucoup plus maitrisé.


L’auteur choisit dans ce livre de donner des chapitres aux agissements des ennemis de l’histoire. Un choix qui, s’il n’est pas sans rappeler le mode opératoire des premiers tomes de dune, peut paraître curieux, mais les chapitres concernés ne nuisent toutefois pas au reste et s’intègrent plutôt bien au récit.


Gladia, Daneel et Giskard se retrouvent alors embarqués dans les conflits politiques des Spatiens et des colons terriens. Le livre tranche également avec les précédents car il se déroule sur plusieurs mondes : Spatiens avec l’éminente Aurora, et retour sur une Solaria désertée, Baleyworld monde colonien qui n’a pas oublié l’homme qui a initié le mouvement, et pour finir le déroulement du récit sur la Terre.
Le fonctionnement des sociétés humaines est donc plus toujours au cœur du livre.


Un tome final qui conclut donc parfaitement le cycle.
L’humanité actuelle est encore loin de ressembler à l’Empire galactique telle que l’on peut retrouver au début de Fondation, mais une nouvelle étape avec le sort de la Terre est franchi, qui rapproche d’avantage de l’époque encore lointaine de Fondation. Des milliers d’années plus tard, l’humanité issue du mouvement colonialiste accentué avec l’abandon de la Terre aura donné naissance à un puissant et vaste Empire, sans aucune aide robotique, et qui en aura oublié jusqu’à la localisation de sa planète d’origine ; les Spatiens feront partie de l’histoire ancienne ; la psychohistoire issue des réflexions de Daneel aura pris forme dans la tête du visionnaire Harry Sheldon, qui permettra à une nouvelle civilisation d’exister après l’effondrement de celle actuelle. En attendant une humanité maintenant mentalement la paix et la cohésion, rêve d’un vieux Giskard attendant son heure sur le satellite de l’ancien monde mort, témoin impuissant des conflits humains par-delà les étoiles, mais initiateur d’une toute nouvelle ère.

Enlak
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le 27 juil. 2016

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