C’est l’histoire d’un jeune homme brillant, plaisant et qui s’en moque bien. Au dessus des nécessités et vanités quotidiennes Werther se fiche de sa carrière et donne peu d’importance aux ambitions qu’on aurait pour lui. Loin de ces vanités, lui ce qu’il veut c’est ressentir et vivre. Romantique, il passe son temps à la campagne, cherche la proximité des paysans, des enfants. En fait Werther aime l’innocence, admire la folie.
C’est dans une sortie mondaine qu’il rencontre Charlotte, une femme vive, aimante et sincère -inutile de parler de sa beauté. Le hic est qu’elle est promise à Albert; mais le pire ? C’est un homme tellement bon qu’il ne donne aucune matière à nourrir la jalousie de Werther qui voudrait pouvoir le haïr. Albert, comprend et respecte ce que Werther sent pour Charlotte. De son côté Charlotte, ne s’avoue pas ce qu’elle ressent pour Werther même en sachant ce qu’il sent pour elle. Pourtant elle adore l’avoir près d’elle, se promener, lui confier ses pensées.
Werther tente de se sortir du bourbier de ses sentiments; en vain. Petit à petit son amour se tourne en passion dévorante, puis en désespoir. Ses sentiment vont le consumer au point de rendre la situation intenable entre Albert, Charlotte et lui jusqu’à l’inévitable issue tragique.
Au passage, Goethe en profite pour une critique à peine masquée de la société de son temps, la noblesse dédaigneuse, l’affairisme, les petits arrangements, les pédants…
On accuse ce livre de romantisme exagéré ? Il faut déjà le replacer dans l'histoire littéraire: 1776, Goethe était tellement en avance! On a eu depuis plus d'un siècle pour peaufiner et améliorer le genre. Goethe à contre courant de tous -qui ridiculisaient les passions- voulait faire passer un message. À quoi bon le détachement, ou de la romance raisonnable ? Werther a la sagesse de vivre pour ses sentiments: il aime aimer, et préfère souffrir parce que c’est encore vivre. Exister pour sa carrière ou son statu, enfin pour les autres; Goethe balaye l’affairisme, Werther vole très haut au dessus de l’insignifiance. Il faut être fou pour être Werther, oui c’est un peu exagéré, mais pour faire passer un message: s’opposer aux vanités et rappeler la nécessité de sentir pour vivre. Werther a vécu, lui. On se prend même à l’envier: heureusement grace à Goethe peut-on le vivre (un peu) à travers son héros sans avoir à en mourir.