Un très beau roman qui dépeint si bien la mer, les éléments, le vent, la détresse, le chagrin, le froid. C'est un livre qui se lit avec tous les sens. L'histoire est parfois alambiquée, à l'image des six semaines passées par Giliatt sur le rocher ; mais on y plonge à grandes eaux.
D'abord, la trahison ingénieuse de Sieur Clubin (et la belle succession dans les chapitres du naufrage terrible et de la révélation du stratagème), les intrigues de trafiquants, l'industrialisation des moyens de navigation (un diable)...
Puis Giliatt monstre terrestre sur les mers, qui s'en va affronter des semaines durant les éléments pour sauver la machine dans l'écueil de Douvres. C'est la partie la plus figée dans l'espace et pourtant ô combien rythmée, de rebondissements et d'actions.
Enfin, un sauvetage in-extremis de la machine qui ne se traduit pas heureusement pour Giliatt, dont la main de Deruchette qui lui était promise est détournée par les allants de son cœur pour un jeune pasteur nouvellement millionaire (et d'ailleurs suavé par Giliatt de la noyade - destin tragique romanesque). Le suicide de Giliatt dans la chaise, formation calcaire sur la falaise, saisit le lecteur qui se doutait de la funeste issue à un tel décor.