Gilliat est comme un double de Jean Valjean. Tous deux sont des héros romantiques, solitaires, marginaux, rejetés, méprisés, broyés, ils demeurent humbles et d'une moralité inébranlable et vivent un destin exceptionnel. Comme Valjean, Gilliat enchaîne les épreuves avec adresse et imagination, réalise des travaux herculéens et, comme Valjean il pousse l'abnégation jusqu'au sacrifice.
Les romans d'Hugo sont aussi palpitants qu'invraisemblables, prétextes à l'éloquence fleuve où parfois résonnent des alexandrins, aux professions de foi, mais aussi aux énumérations fastidieuses et savantes, moments où je murmure à part moi:
"Interminables digressions
Etalage d'érudition
Je le déclare tout de go
J'en ai ma claque du père Hugo"
Mais on ne critique pas le plus grand écrivain français panthéonisé. A peine ose-t-on le commenter. C'est un géant, un génie. Chacune de ses phrases est ciselée, parfaite, inimitable. Sa poésie sait couler musicalement, sans aspérités. Il mérite qu'on le relise plusieurs fois pour l'apprécier pleinement. On n'oublie jamais un roman d'Hugo. Il vous marque au plus profond.