Arthur Mineur (Less en V.O) est un écrivain sans succès depuis des années qui arrive à la cinquantaine avec le sentiment que sa vie est en grande partie ratée. Du point de vue artistique, c'est un auteur situé dans une zone grise entre la médiocrité et le génie, mais aussi sentimental avec des histoires d'amour (on lui fait remarquer qu'il est un "mauvais homosexuel") qui se terminent invariablement par un échec. Un personnage de perdant, pas vraiment magnifique, en pleine crise existentielle que Andrew Sean Greer raconte sur le mode de la comédie, le confrontant à des situations absurdes où il frôle le ridicule tout en restant touchant par son extrême vulnérabilité. Et puisqu'il s'agit des Tribulations d'Arthur Mineur, celui-ci a l'occasion de faire le point de son existence alors qu'il entreprend un tour du monde, entre signatures, rencontres et commémorations diverses, de Berlin au Japon en passant par Paris, Turin, le Sahara et l'Inde. C'est un roman qui va très vite dans le présent, d'une contrée à une autre, et s'attarde à l'inverse dans le passé de son héros. Le tout, sous une plume ironique et plaisante qui cherche moins l'approfondissement que la description des sensations et des interrogations d'un individu somme toute relativement égocentrique. Greer n'évite pas les répétitions dans ce roman agréable à lire mais loin d'être mémorable qui rappelle parfois, en nettement moins bien, ceux de ses confrères américains, John Irving ou Paul Auster, par exemple.