Les Vestiges du jour par Ariane d'Auble
Le monologue d'un personnage sur 250 pages pourrait vite devenir bien ennuyeux, d'autant plus que c'est pour revenir sur une vie qui paraît bien plate et faite d'occasions manquées. Mais la retenue du personnage, le style d'Ishiguro, l'absence d'effets grandiloquents, rend le tout particulièrement émouvant. L'écriture est subtile, le fait que Stevens raconte lui-même sa propre histoire oblige le lecteur à chercher et deviner ses sentiments en filigrane. De plus, le côté pathétique (ne s'attacher visiblement à personne, n'exprimer aucun sentiment, dans une vie passée avec des œillères), n'est pas incompatible avec un certain humour (quand Stevens est chargé d'expliquer les choses de la vie au filleul de son maître, quand il essaye d'apprendre à badiner).