652 lettres, pas moins. Un flot ininterrompu de confidences et de réflexions, de suppliques et de cogitations, adressé à un frère cadet dont on dépend entièrement, d'un point de vue financier. Cette subordination de fait, au nom de l'art, occupe presque tout l'espace. L'argent devient une obsession; il faut rendre des comptes. Et peindre, pour justifier sa rente. A partir du moment où il commence à créer, Vincent se place volontairement dans la position d'un débiteur, inconfortable moralement et nécessaire artistiquement, à une époque qui, elle non plus, ne faisait pas la part belle aux artistes. Enfin, pas à tous. Commence un long calvaire moral, avec plus de bas que de hauts, qui finit par tourner aux ratiocinations obsessionnelles. Quelle ironie dans ce destin tourmenté ! Le magnifique musée d'Amsterdam apparaît comme un monument à l'injustice du sort. Pourquoi Van Gogh, qui n'a jamais rien vendu de son long vivant, est-il aujourd'hui mondialement connu ? La fragilité des destins artistiques se tient tout entière là.