Très emballé par l'autobiographie d'Alphonse Daudet, intitulée "Le petit chose", petit bijou d'ironie bienveillante et d'autodérision, je suis resté un peu perplexe à la lecture des "Lettres de mon moulin".
Certes, on y retrouve la langue riche et savoureuse pratiquée par l'écrivain né à Nîmes, mais cette compilation de récits locaux, fables ancestrales et notes de voyages manque de véritable intérêt narratif.
L'origine de ce livre correspond à l'achat d'un moulin provençal par l'auteur, sorte de retour aux sources pour Daudet le sudiste, qui se sentait dépérir dans la capitale. Les déplacements et les rencontres qu'il fait dans la grande région sont autant d'occasions de rédiger de courts billets qui illustrent les traditions de ces hommes et de cette terre qu'il chérit, à l'image de son amitié pour le poète en langue d'oc Frédéric Mistral.
Les "lettres" les plus connues sont "La chèvre de Monsieur Seguin", "La mule du pape" ou "Le curé de Cucugnan". Par ailleurs, si "L'élixir du père Gaucher", "Les vieux" et les récits de voyage en Algérie ou en Camargue parviennent à captiver, d'autres historiettes paraissent plus vaines, voire dénuées d'intérêt.
Qu'importe, le ton humaniste et emphatique de Daudet et sa langue riche et vivante ont imposé ces "Lettres de mon moulin" en bonne place dans le patrimoine littéraire français.