Un souffle vital et poétique
Les Lettres portugaises est le premier succès du roman épistolaire, et on comprend bien pourquoi. Guilleragues y dépeint avec profondeur l'intimité de la passion féminine, en cultivant la puissance des sentiments face à l'interdit: celui d'aimer jusqu'à l’idolâtrie quand le couvent le proscrit. Il dresse le tableau d'une religieuse éperdument amoureuse d'un soldat, prête à laisser sa propre passion la consumer. Cette hypotypose des sensations brûlantes est faite avec tant de brio que ces lettres ont pendant longtemps été considérées comme authentiques et non fictives. Marianne a suscité tant d'admiration que des chercheurs ont même tenté d'identifier la "vraie Marianne" - en vain- car elle n'appartient qu'au monde de la littérature, elle n'est qu'une figure emblématique de la passion amoureuse, mais quelle figure !
Ce qui laisse perplexe est la justesse, finesse et véracité avec laquelle Guilleragues saisit et traduit au plus près les méandres du cœur féminin. Ouvrir cette quintessence sentimentale des passions, c'est plonger et se noyer dans un amour désolé mais enchanteur.
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