Francophile et cousin américain de Camus, Auster au sortir des années de plomb Reagan, se pose la cruciale question de l' engagement.
La tentation nihiliste, ce gout d'absurde et de néant en ombre de notre existence, toujours je le retrouve et le partage avec cet auteur.
Soit deux écrivains, l'un qui s'engage pleinement dans cette activité dont on ne sait s'il l'a choisi ou si il a été choisi par elle, l'autre qui déraille après un premier roman prometteur, et bascule de l’ordre des mots au chaos de la fuite, chute en avant. Entre anarchisme européen et idéal américain libertaire, il crée un "monstre" qui tente de lutter contre le Léviathan que sont devenus les EU à ses yeux. Le choix du symbole de la statue de la liberté contre celui du drapeau résonne comme un retour aux sources de l ' Amérique.
L'art, ou la magie de l'écrivain,lui dirait coïncidence ou musique du hasard pour s'amuser de ses obsessions, est de résonner avec son époque en pôle opposé. Son héros malheureux choisit la voie de l' action "terroriste" sans victime alors que dans le monde réel des individus classés à l'autre extrême commettent des attentats, sans compter l'irruption déjà d'une menace terroriste islamiste sur le sol américain ( World Trade Center 1993 avant le 11 septembre! )
Auster joue, relie plusieurs fils dans la toile qu'il tisse pour son Fantôme du chaos, croisant la route d'une Sophie Calle rebaptisée Maria Turner ( tournant? ), et celle d'une gorgone ou figure du destin tenant du film noir, la mystérieuse Lillian.
Il dénoue l' écheveau des fils qui ont conduit Ben Sachs vers son destin, retombant sur ses pieds; Trop vite au goût de certain, magistralement j'ai pensé. Auster voulait sortir de ce guêpier, ce piège qu'il s'était tendu en inventant ce double d 'écrivain, moi aussi j'étais soulagé d'en sortir.
Il nous laisse volontairement sur notre faim, et sur la sienne.
Pour ne jamais cesser de nous interroger sur ce qui nous meut?