Chapoutot le goupil
Excellent timing de parution ! Ce livre est vraiment réjouissant. Pas pour son sujet, le management et le nazisme, mais pour la puissance qu'il peut avoir dans le débat public, ou plutôt dans...
Par
le 31 janv. 2020
7 j'aime
4
L’œil piqué par ce titre aguicheur, j'ai ouvert avec curiosité ce quasi opuscule qui lève un coin de voile sur l'histoire d'un concept qui régit à proprement parler nos vies professionnelles voire personnelles aujourd'hui. Johann Chapoutot est vraisemblablement un expert de l'histoire nazie, et livre une approche précise et documentée sur un des acteurs fondamental mais méconnu de leur règne : Reinhard Höhn.
Ce penseur de la société allemande, mi juriste, mi historien, mi politiste, 100% fasciste, connut de beaux jours après-guerre en professant une manière de gérer entreprises, administrations et armées basée sur la délégation des responsabilités. "Libres d'obéir" illustre ce que cette pensée, aujourd'hui mainstream, tire de l'idéologie nazie (sans la résumer à ce point). Comme en matière de sciences "dures", la plus grande leçon de cet ouvrage est de montrer que le nazisme ne fut pas une parenthèse mais une continuité, voire un laboratoire de la modernité. L'idéologie explicite qui sous-tendait la pensée des années 1930 a certes disparu (quoique), mais elle transpire dans le rapport au monde que ces outils, peaufinés à cette époque et largement répandus aujourd'hui, véhiculent.
En ce sens, l'épilogue de "Libres d'obéir" constitue la partie la plus percutante de cet ouvrage, parce qu'elle prend un peu de hauteur sur son sujet pour interroger nos pratiques : l'autonomie du management comme moyen et fin du travail, la coercition que certains modes de gestion des entreprises et administrations imprime sur les corps et les esprits, la vitalité extraordinaire - au regard des enjeux de survie auxquels sont confrontées nos sociétés - des "bullshit jobs", le parallèle entre cette individualisation de la responsabilité en entreprise et dans le rapport du citoyen aux crises multiples qui nous affectent... Autant de questions qui soulignent qu'une partie de la folie des années 1930 perdure dans nos comportements quotidiens. Avec les conséquences que l'on sait.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2022, v'la les flics (livres) et Les meilleurs livres de 2020
Créée
le 6 juil. 2022
Critique lue 263 fois
3 j'aime
D'autres avis sur Libres d'obéir
Excellent timing de parution ! Ce livre est vraiment réjouissant. Pas pour son sujet, le management et le nazisme, mais pour la puissance qu'il peut avoir dans le débat public, ou plutôt dans...
Par
le 31 janv. 2020
7 j'aime
4
L’œil piqué par ce titre aguicheur, j'ai ouvert avec curiosité ce quasi opuscule qui lève un coin de voile sur l'histoire d'un concept qui régit à proprement parler nos vies professionnelles voire...
Par
le 6 juil. 2022
3 j'aime
Libres d’Obéir est le dernier livre de l’historien spécialiste de l’Allemagne nazie Johann Chapoutot sorti en ce début d’année 2020. Le sous-titre Le management, du nazisme à aujourd’hui m’a...
Par
le 19 févr. 2020
3 j'aime
Du même critique
" J' pense à Elisabeth Martin Pas ma mère, pas mon frère, pas ma maîtresse d'école Celle qui a plongé un matin Sa bouche et sa langue dans ma bouche à l'automne " Elisabeth Martin par Tom...
Par
le 28 juin 2017
18 j'aime
9
Jean-Pierre Jeunet nous livre un conte vibrant, émouvant et plein de malice. On y découvre les petits charmes discrets de la vie, ses instants dorés et ses périodes sombres. Le petit bout de fille...
Par
le 28 févr. 2012
17 j'aime
4
De l'honneur intangible elle est le vrai symbole Déroulant son fil blanc sur plus d'un bras de long, Son acier tremblotant miroite comme un gong Frappé un jour d'automne sous les ombres d'un...
Par
le 31 janv. 2014
16 j'aime
9