Je ne sais que penser de cette lecture. J’en attendais beaucoup, on en dit presque unanimement du bien, énormément de bien, c’est le genre de livre qui est élevé au rang de chef-d’oeuvre et dont je m’attends personnellement à en tirer quelque chose d’assez unique, d’exceptionnel, de marquant.
Tout d’abord, je précise qu'à mon sens on ne peut plus lire et ressentir ce livre comme c’était surement le cas à l’époque où il a été publié, et par la même occasion censuré. On a depuis vu passer des écrits ou films traitant ce genre de sujet (en l’occurrence, la pédophilie, l'inceste) de manière choquante, un peu brute et froide, que la façon dont est abordé ce thème dans Lolita ne peut complètement nous atteindre de la même façon. Je ne dis pas qu'il laisse insensible, juste qu'il n'a pas le même impact.
Ce qui est intéressant, c’est que d’une situation aussi dérangeante et choquante, l’auteur parvienne à faire ressortir une impression de douceur, presque de bienveillance. On se prendrait presque à comprendre le héros, l’amour qu’il porte à sa « nymphette » et la douleur que cela fait naître en lui. On compatit, en quelque sorte, sans s'en rendre compte.
La première partie du récit était prometteur et m’a donné envie d’en savoir plus sur la vie qu’allait avoir Lolita, son évolution, la tournure qu’allait prendre cette « relation » malsaine. La seconde où tout est déjà installé m’a juste fait me désintéresser de ce jeune personnage et soupirer d’ennui au fil des interminables faits relatés et répétés. Le périple du père et sa fille ne m’a pas semblé d’un intérêt fou, le personnage de Lolita ne m’a inspiré que de l’agacement, seul les touches d’humour cynique et désabusé distillées ça et là dans le récit du narrateur m’ont fait sourire et apprécié l’écriture très habile de Nabokov.
De ce que j'ai pu lire, les lecteurs semblent à la fois choqués et charmés par cette oeuvre, par l’ambiguité des personnages et de la situation, par l’amour inconditionnel que porte H. à Lolita., et c'est ce qui séduit dans ce livre. Malheureusement, je me suis surtout profondément ennuyée après le premier tiers. J’ai beaucoup aimé l’écriture de l’auteur, ponctué en plus de nombreuses références intéressantes, mais je n’ai ni été touchée par la déchéance progressive du héros, ni vraiment scandalisée par l’histoire, ni prise d’une furieuse envie d’en connaître le dénouement, auquel on s'attend. Ce qui m’attriste car j’ai la désagréable impression d’être passé à côté de quelque chose de grand…