Prix Pulitzer amplement mérité pour "Lonesome Dove" qui nous immerge dans un western plus vrai que nature et bien plus crédible que tout ce que j'ai pu voir à l'écran jusqu'à présent.
Les capitaines McCrae et Call, Texas rangers au CV long comme le bras, incarnent à la perfection la vie du pionnier de l'Ouest américain : rude, violente, poussiéreuse, alcoolisée et ségrégationniste.
Larry McMurtry nous invite bien à jouer aux cow-boys et aux Indiens, et vous en apprendrez plus sur l'art de conduire le bétail que dans n'importe quel manuel du parfait bouvier.
Je ne m'étendrais pas sur le récit en lui-même, je vous invite simplement à tenter à votre tour cette expérience littéraire du Far West. Par contre, je souhaite mettre à l'honneur les deux points qui me semblent vraiment différencier ce roman, deux spécificités qui contribuent sans nul doute à en faire un grand roman d'aventures.
Premièrement, l'humour. Même s'il s'agit davantage de causticité, il y a bien une dimension comique voire burlesque dans "Lonesome Dove", ce qui rend le roman vraiment très attachant dès les premières pages qui ouvrent le récit sur le spectacle de deux cochons se disputant la consommation gourmande d'un serpent à sonnette. Bien que le sujet soit vraiment rude, j'ai ri à de très nombreuses occasions, attendant même, au fil de ma lecture, les réparties bien senties de McCrae ou les considérations de l'auteur sur l'intelligence - ou le manque d'intelligence - de tel ou tel de ses personnages.
Et voilà qui me permet d'aborder mon deuxième point : les personnages. J'ai rarement vu dans un roman une telle profusion de personnages avec un tel équilibre dans leur traitement. Principaux ou secondaires, chaque personnage reçoit les hommages de l'auteur, aucun n'est laissé en bord de route. Par conséquent, et alors qu'on pourrait craindre de se perdre dans cette foule de cow-boys et de shérifs, on identifie parfaitement chacun d'eux, on garde en mémoire ses talents et ses travers, et on s'attache vraiment à tous.
Cet attachement que le lecteur ressent dès le début du roman et qui s'amplifie au fil des pages est comme un écho à la camaraderie et à l'esprit de corps qui les soudent les uns aux autres. Immanquablement, et malgré la violence de leur existence, on finit par ressentir une envie, un besoin, de faire partie de leur équipée.
Et immanquablement aussi, on termine ce premier tome avec l'envie, le besoin, d'enquiller le second.