Minimax la menace

Imaginez un monde où le maitre absolu du système solaire (appelé Meneur de jeu) est tiré au sort parmi la population et, plus incroyable encore, les tirages au sort sont imprévisibles et irréguliers. Unique contre-pouvoir: un assassin est habilité pour tuer légalement le Meneur de jeu.

Avec Loterie Solaire Philip K. Dick nous emmène dans un univers à la fois très lointain et trop proche. Si il est lointain c’est surtout parce qu’il est différent, complexe et parfois obscure. La narration ne prend pas le lecteur par la main, elle le plonge dans ce monde comme si il en connaissait déjà les nombreux rouages. Et c’est sans doute ce qui fait le charme de ce roman, se laisser guider sans se poser de questions, faire confiance à l’écrivain et s’accrocher au fait que finalement à un moment où un autre tout ferra sens. Et ça marche formidablement bien, les explications nécessaires à la progression de l’intrigue sont habilement amenées et les zones d’ombre restantes sont autant d’espaces de liberté accordés au lecteur sans que cela perturbe le déroulé du roman.
Comme tout bon roman de SF Loterie Solaire offre son lot de comparaisons habiles avec notre propre société. On peut ainsi y voir une critique farouche du fonctionnaire suivant aveuglement les consignes de sa hiérarchie, mais aussi des politiques aux dents longues (que même le hasard ne peut réfréner) ou encore des marginaux recherchant un au-delà apportant des perspectives plus réjouissantes.

Le principal point fort de ce livre et à mon sens son principal point faible, en effet Philip K. Dick nous montre un système politique incroyable mais qui est déjà à bout de souffle. Ce roman est comme une petite chronique d’une société qui a déjà (mal) vieilli, connaissant la trame du livre j’était particulièrement intéressé par les tenants et aboutissants de ce système politique basé sur le principe du Minimax et je fus d’une certaine manière déçu de comprendre que j’en apprendrais finalement pas beaucoup plus. C’est comme si le roman se passait après les événements les plus intéressants, en l’occurence la fin de notre système et la mise en place d’un autre.

En bref un premier roman efficace dense et prenant qui obsède encore (un peu) une fois qu’on l’a terminé et qui (surtout) donne envie de s’atteler au reste de la bibliographie de PKD.