Aux Montées, hameau perdu dans une région et à une époque indéterminées, la famine n'est jamais loin, n'attendant qu'une mauvaise récolte, un orage, une vague de froid, pour s'abattre sur les habitants : la vieille Rose, Aelis et Ambre, les jumelles, Léon et Eugène, leurs maris. Hommes et bêtes courbent l'échine sous le joug de la servitude. Car la terre est à Ambroisie le père, et surtout Ambroisie le fils, le fou, un fléau pire encore que la famine. Et puis il y a Madelaine, une fillette recueillie par Rose, sauvage et indépendante, et qui ne sait pas le poids de la fatalité...
Chez Sandrine Collette cohabitent le fer et les chants d'oiseaux, le sang et le cycle apaisant des saisons. Les Montées prennent parfois de faux airs de pays de cocagne avec ce fleuve au nom de serpent, le Basilic, les "truites géantes" qu'il charrie, On sait dès le prologue que l'histoire se terminera mal, pourtant on ne peut s'empêcher d'espérer. L'amour se cache là où on ne l'attend pas, des liens forts se tissent, les enfants jouent. Mais la fatigue, écrasante, la faim, la fatalité, la peur. Avec son style inimitable, qui caresse autant qu'il frappe, Sandrine Collette interroge les liens familiaux, le poids de la servitude, le courage de la révolte. Des pages lumineuses et sombres, emplies de violence et d'humanité. Madeleine avant l'aube est le roman des contrastes.