Peu de temps après le départ de Simenon vers les Etats-Unis, suite à la fin de la guerre et aux accusations dont il commence à être la cible, le romancier belge éprouve le besoin de faire appel à son héros récurrent, le fameux commissaire Maigret, qui se trouve lui aussi confronté à la mégalopole de New York, qu'il découvre au cours de cette enquête.


Aussi ébloui et déboussolé que son auteur, Maigret débarque à Staten Island après une traversée en bateau de plusieurs jours. Il accompagne un jeune homme de 19 ans, très inquiet au sujet de son père, un français qui à réussi aux Etats-Unis au point de devenir richissime, mais qui semble néanmoins avoir de gros ennuis.


Retraité de la police et installé tranquillement dans sa propriété de Meung sur Loire, le commissaire s'est laissé convaincre par ce gamin de l'accompagner en Amérique pour démêler cette affaire mystérieuse.
On le voit, ce point de départ assez improbable symbolise bien cette enquête décousue et peu crédible, l'une des moins convaincantes de Maigret dans toute sa brillante carrière, à l'image de l'interrogatoire final par téléphone, sommet d'invraisemblance.


Heureusement, il reste les personnages secondaires (savoureux pour la plupart, à l'image du clown triste et de la voyante), et surtout la description de New York par Georges Simenon, à travers les yeux de son héros, qui nous offre quelques très belles pages, entre clichés du genre (le chewing gum, les jukebox, les gangsters...) et descriptions plus inattendues mais tout aussi pertinentes (les "alvéoles" qui accueillent cette population grouillante, où personne ne se connaît ; l'absence de concierges ; les immeubles très laids avec l'escalier extérieur en cas d'incendie ; la décontraction des américains...).


Cette vision sans fard de la grande ville américaine justifie à elle seule la lecture de "Maigret à New York" - qui souffre par ailleurs d'un canevas policier confus et assez médiocre - mais on peut aisément lui préférer la lecture d'un roman tel que "Trois chambres à Manhattan", où le regard encore neuf de l'écrivain belge sur les différents quartiers de NYC se révèle tout aussi passionnant.

Val_Cancun
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le 29 juin 2016

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