Posthume
"Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul" Voilà comment débute le roman de Fritz Zorn, écrivain suisse, ancien prof à Zurich, mort d'un cancer à 32 ans. L'auteur...
Par
le 14 janv. 2012
12 j'aime
Cadre : années 50-70, Zurich
Friz Zorn est un homme malheureux, mais malheureux d'une façon "violente et passionnée". Il a trente-deux ans et s'apprête à mourir d'un cancer. Mais il ne souffre pas tant de cela que de la maladie morale qu'il croit avoir contractée depuis l'enfance : apathique, solitaire, insensible, incapable de se trouver une petite amie.
Le récit se présente comme un récit introspectif de l'auteur qui examine son cas, à la manière d'un psy. Il n'y a pas vraiment de personnages et de descriptions et assez peu d'anecdotes (ce qui est dommage, car elles sont intéressantes).
Autrement dit, si vous cherchez le romanesque, passez votre chemin. Ici, on est dans la tête d'un gars et on en bouge pas. Il se plaint souvent et dans la deuxième partie devient carrément haineux (la mort s'approchant).
Je dois avouer que la première partie m'a fait pas mal rigoler tant le mode de vie bourgeois de ses parents est grotesque (un milieu dans lequel toute discussion est "compliquée", rien n'est comparable à rien, et où toute personne faisant/s'intéressant à des choses est perçues comme "ridicule"). Ces passages peuvent faire penser à la littérature de l'absurde.
Mais l'essentiel de l'ouvrage rappelle davantage le merveilleux "carnet du sous-sol" de Dostoïevski.
Petit problème pour moi : à un moment donné, la vie du héros semble devenir presque normale, il a des amis, un travail... il lui manque juste une vie sexuelle (mais c'est justement tout pour le héros). Etait-il impuissant (un passage semble l'indiquer) ? Ou se masturbait-il ? J'aurais été curieux d'en savoir davantage à ce sujet. Ainsi, l'analyse aurait été complète !
En le lisant, je me suis également dit que l'ouvrage pourrait déplaire aux partisans de la méritocratie, aux libéraux les plus échevelés, tant le personnage semble reléguer la responsabilité sur les épaules de ses parents (et non sur les siennes). Chacun tranchera.
Aussi, beaucoup de considérations sur la nature du cancer sembleront à certains pseudo-scientifiques.
En définitive, l'auteur réussit, accepte de se décrire sous un jour qui n'est pas flatteur et cela s'avère drôle, tragique, captivant !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 Livres
Créée
le 6 nov. 2020
Critique lue 188 fois
1 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur Mars
"Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul" Voilà comment débute le roman de Fritz Zorn, écrivain suisse, ancien prof à Zurich, mort d'un cancer à 32 ans. L'auteur...
Par
le 14 janv. 2012
12 j'aime
Lorsque j'étais enfant, dans la société que j'étais alors obligé de considérer comme la mienne, il était d'usage d'employer l'expression : celui-la, il devrait bien aller à Moscou. C'est ainsi...
Par
le 6 mars 2021
8 j'aime
4
Au départ, j'ai été franchement très emballée par ce livre. Un rythme d'écriture un peu fiévreux, mais qui se laisse aller à des phrases plus longues. Un humour corrosif. Un regard sur la famille...
Par
le 23 févr. 2014
6 j'aime
3
Du même critique
Renan aborde la question de toutes les manières possibles et ce texte sera vivement apprécié par tous ceux qui se sont déjà posés cette question. Sa démonstration est convaincante quant à la race,...
Par
le 7 août 2020
5 j'aime
Pons est mourant. Il ne meurt pas tant de son hépatite que de de la méchanceté des gens à son égard. Toutes sortes d'individus tournent autour de lui dans l'intention de capter son héritage : un...
Par
le 22 févr. 2021
3 j'aime
Oeuvre absolument merveilleuse, parmi les grandes oeuvres da la littérature française du 20e siècle. Cadre : 1904-1918, France Les Thibault est une vaste saga familiale comptant 8 tomes (regroupés...
Par
le 18 nov. 2020
3 j'aime