Il y a de ces livres , qui sont si spéciaux, qu'une fois la lecture achevée. Ils remettent en question notre existence, soulèvent des interrogations si profondes que la réponse nous paraît hors de portée.Martin Eden, de Jack London, est de ceux-là. Il fait partie de ces livres, qui te laisse là, pantois, émotionnellement, à la fois vidé et rempli. Ces livres, qui t'emplissent de tous les sentiments, de toutes les sensations que tu recherches dans la lecture, mais qui te les retires impitoyablement à la seconde où la dernière page se ferme. Tel un contrat implicite dont tu ne comprends la signification, qu'au moment ou il prend effet. Plus que le livre en lui-même, je voudrais parler de l'auteur de cet ouvrage . Ah ! Jack ! Quelle découverte ! Quel Homme ! Quel Poète ! Quel savant de la vie ! Il fera sans nul doute partie des auteurs que je citerai avec fierté, dès que mes lectures seront évoquées. Concernant la fièvre d'écrire, le trouble de l'écrivain. Jack le décrit parfaitement, cette sensation que les mots ne suffisent pas, pour exprimer toute la teneur d'une idée, qui a pris refuge dans notre tête, incessante, entêtante. Une idée qui est là, qui nous hante, qui ne veut partir, mais qui est si belle, que l'on veut la faire partager. Mais comme toute idée elle est sujette a l'interprétation, alors que l'objectif est de la partager telle qu'on la perçoit. Un défi ardu n'est-ce pas ?
Pourtant, Jack s'y est essayé avec brio, et a parfaitement rempli ce défi, de façon poétique qui plus est. Plusieurs fois en le lisant, je me suis dit . "Il l'écrit tellement bien ! Il le décrit de façon tellement complète, que quiconque s'y essaierait à son tour, aurait bien du mal à l'égaler "
Pour l'oeuvre en elle-même, l'histoire m'a tout simplement fasciné. Parce qu'elle résonne dans mes souvenirs ? Peut-être, mais je pense que cette oeuvre à une dimension universelle, plus que l'écriture ici, il est question d'un objectif, d'un idéal à atteindre, qui bien qu'abstrait, est accessible grâce à la volonté d'un homme. Le vice de l'humanité, la critique de la société, la description de la descente aux enfers dont les hommes sans espoir sont victimes, bien loin de détourner le roman de son but, lui ajoute une dimension à la fois réelle et abstraite qui forme un tout magnifique et stupéfiant de beauté et de vérité. Car ce roman est au service de la Beauté et de la Vérité, tout comme ceux de Terry Goodking. Cet ouvrage ne jure que par eux, ne reconnaît que ces idéaux et les met en valeur du mieux possible avec l'exemple de Martin Eden, qui court après la beauté une grande partie de sa vie, pour au final se rendre compte que ce n'était qu'un mirage. Il était une rose baignant dans la fange, un des seuls hommes non corrompus. Mais dans cette société, les hommes faits d'idées et de rêves semblent destinés à s'éteindre... Une histoire, qui je pense peut trouver un écho dans toute personne, suffisamment attentive à la beauté et a la vérité pour se laisser toucher par elles.
Je vais donc me pencher sur les autres ouvrages de London, pour comprendre ce qui à poussé un homme comme lui à écrire un ouvrage si plein de vérité, traversant les époques et touchant les esprits et les cœurs de façon si poignante.