England has always been disinclined to accept human nature.
Angleterre, début du XXe siècle, rien ne distingue Maurice Hall des autres. Orphelin de père, élevé dans une bonne famille bourgeoise, se comportant en véritable chef de famille un brin autoritaire avec sa mère et ses deux sœurs, sûr de son rang social, destiné à suivre les traces de son défunt paternel, c'est-à-dire atterrir dans un bon job à la City, le tout après un passage à Cambridge... Rien ne le distingue des autres, absolument rien, sauf... que son passage dans la très prestigieuse université va lui faire croiser la route de Clive... Et ce que son subconscient avez réussi à lui faire ressentir mais pas à lui faire comprendre jusqu'ici va brusquement faire surface... Il est attiré par les garçons... Dur, dur, dans ce pays, à cette époque, où l'homosexualité est non seulement vue comme une déviance par la Société, mais aussi par la Loi...
J'avoue que le nom d'E.M. Forster me faisait beaucoup plus penser à des films de James Ivory ou de David Lean, beaucoup moins à un écrivain aussi connu et reconnu de l'autre côté de la Manche qu'inconnu dans nos chères contrées hexagonales. Et je regrette qu'il en a été ainsi car c'est un auteur subtil, qui sous beaucoup d'implicite, réussit pourtant à nous en dire énormément, le tout avec un style fluide et prenant accompagné d'une très grande subtilité psychologique.
He had brought out the man in Alec, and now it was Alec’s turn to
bring out the hero in him
Publié l'année qui suit celle de la mort de l'auteur, qui avait, à raison certainement, peur de le voir censurer (du moins au moment où il l'avait rédigé !), Maurice est une oeuvre émouvante sur le dépassement de soi, sur aller à l'encontre de ce que la Société veut de soi pour accomplir ce que son moi profond veut réellement, ainsi que tout simplement une belle histoire d'amour.