L’univers dépeint par l’auteur n’a rien de bien reluisant : outre le fait que l’intrigue se déroule dans les tunnels du métro moscovite après qu’une guerre nucléaire ait ravagé la surface de la planète, les survivants s’organisent dans les stations en micros-sociétés qui rappellent les pires systèmes politiques qu’ait connus l’humanité. Néo-nazis, communistes extrémistes, religieux fanatiques et autres joyeusetés cannibales… À cela on ajoute une libre circulation des armes, des mutants et des légendes qui prennent vie dans la noirceur du métro.
Le personnage principal, Artyom, a tout juste 20 ans et n’a pas énormément d’expérience. Il n’a jamais quitté la station où il a grandi auprès de son père adoptif. Sauvé par ce dernier alors que la station, dans laquelle il est descendu avec sa mère est envahie par les rats, le jeune homme est lancé dans une mission qui le dépasse. Les mutants : les « Noirs » ou « Sombres » – tout dépend de la version lue – investissent fréquemment les tunnels. Ces créatures monstrueuses vivent à la surface, dans une sorte de nid, et un homme, Hunter, a trouvé la solution pour s’en débarrasser : faire exploser le nid une bonne fois pour toutes. Artyom reprend le flambeau quand Hunter ne revient pas…
Il est intéressant de suivre Artyom dans les tunnels de ce nouveau métro moscovite, de découvrir son fonctionnement, ses nouvelles habitudes et ses codes. En effet, comme je le signalais plus haut, Artyom n’a pas d’expérience. Ce qu’il connaît du métro ? Seulement ce qu’il a pu entendre pendant son tour de garde et les on-dit des marchands de passage. Autrement dit, pas grand-chose. Tout est neuf pour lui (et par extension pour le lecteur), et cela permet à l’auteur de bien installer son univers. Peut-être un peu trop d’ailleurs.
La naïveté et l’ignorance du personnage principal sont très bien retranscrites par les personnages secondaires qui vont venir aider/épauler/soutenir/ralentir Artyom dans sa traversée du métro. Tout d’abord tous les personnages qu’il croisera seront plus âgés, et donc plus « sages » (c’est bien connu, la jeunesse n’a pas grand-chose dans le ciboulot)… Après les deux premières figures paternelles, on prend le pli : on sait qu’il y en aura un troisième. Tous apportent à Artyom des informations ou des connaissances qui s’avèreront utiles rapidement, c’est très bien, mais dans un même livre le procédé devient usé jusqu’à la corde.
Il faut également savoir qu’une partie de l’histoire (et du personnage d’Artyom) se base sur des phénomènes étranges, mystérieux et inexplicables, sources de bon nombre de rumeurs qui circulent dans les tunnels. Des fantômes, des gaz nocifs, des murmures… tout est source de spéculation ; mais Artyom semble presque immunisé à tout ça, et le lecteur découvre qu’il suit une sorte d’élu. Les événements qui closent le récit viennent d’ailleurs confirmer cette hypothèse.
Côté intrigue, les aventures arrivent un peu au compte-gouttes. Le rythme n'est pas palpitant, on alterne entre moments calmes (le plus souvent), actions pures (rarement) et moments de grands frissons (assez fréquemment). Ce livre est finalement "assez plat" puisqu'on ne fait que découvrir la nouvelle société humaine terrée dans les tunnels. On a une sorte d'état des lieux, de présentation de l'univers de l'auteur. Le personnage avance, découvre une nouvelle station, rencontre un problème, avec l’aide de la figure paternelle il résout le problème et avance vers une nouvelle station, et ainsi de suite.
Et malgré ce manque de rythme, j'ai vraiment apprécié Métro 2033. Certes l’auteur prend le temps d’installer les détails, étirant à outrance les plus infimes d’entre eux, mais justement, on en a tous les secrets ou presque et c’est aussi ça qui m’a intéressé. Chaque chapitre nous fait avancer, vers l’objectif de la quête d’Artyom, en passant par un bon nombre de stations aux codes hétéroclites. On en oublie d’ailleurs par moments les raisons de cette mission, qui s’avère finalement n’être qu’un prétexte à la mise en place de l’univers de Métro.
Côté écriture – style de l’auteur – je me suis laissé facilement entraîner par l’intrigue. Le seul souci que quelques blogueurs ont déjà soulevé, vient de la lecture des noms des stations qu’Artyom traverse. Je m’y suis faite assez rapidement, en partie grâce à la carte proposée par l’éditeur en dos de couverture. Les annotations du traducteur Denis A. Savine étaient vraiment bienvenues, surtout au niveau des références obscures pour une non-initiée à la culture russe comme moi.
Et pour parler fin : elle était surprenante dans son pessimisme. Je ne m’attendais vraiment pas à une fin de cette teneur même si certains événements étaient courus d’avance. Le bémol à tout de même pointer du doigt, la fin est expédiée en trois pages et c’est dommage.
En bref : malgré les longueurs du récit et les répétitions dans la structure des actions, c’est une première approche de l’univers Métro qui se solde par une réussite. Le personnage principal est intéressant à suivre, j’ai apprécié le voir évoluer et apprendre auprès de ses aînés. L’univers est vraiment bien dépeint et m’a donné envie de poursuivre avec le tome 2 : Métro 2034.