Chaque (re)lecture d'un roman d'Agatha Christie est autant d'occasions de se replonger dans un univers désuet mais évoquant un certain nombre de souvenirs d'enfance.
A la lecture de Meurtre en Mésopotamie, j'ai senti qu'en 25 ans ma perception du monde avait changé, et que se (re)plonger dans l'univers "Christinesque" pouvait maintenant me demander un léger temps d'adaptation (la vision des femmes y est parfois "surprenante", les remarques sur les métèques toujours un brin gênantes).
Si le style littéraire des 2 premiers chapitres peut surprendre, s'expliquant par une volonté de l'auteur de faire raconter l'histoire par une infirmière avec un ton assez sec qui lui est propre, le roman monte progressivement en puissance et coche un certain nombre de cases propres aux romans policiers (les apparences trompeuses, les secrets bien enfouis qui finissent inévitablement par ressurgir, le meurtre "commis de l'intérieur" a priori inexplicable et j'en passe).
J'ai apprécié l'idée de n'introduire Hercule Poirot qu'a posteriori (soit après le premier meurtre), qui par une heureuse coïncidence pour le lecteur se trouvait dans la région.
Cet effet littéraire permet de dynamiser l'histoire (un seul être vous manque ...) et de radicalement "structurer" une enquête vouée à piétiner, n'eût été le recours aux "célèbres petites cellules grises" de notre cher détective.
Personnellement, ce roman me laisse un regret : une phrase, une seule, prononcée par l'un des personnages dans les 10 premiers chapitres, m'aura sur le coup étonné et fait naître des interrogations. Malheureusement, la rapide lecture d'une phrase d'un précédent chapitre m'aura fait louper un élément important dans la résolution du mystère
(relatif à la disposition des lieux représentée dans un plan gracieusement mis à notre disposition par la narratrice)
et empêché de dérouler mon intuition jusqu'au bout. Le cas contraire, j'aurais pu rapidement identifier, avec plus ou moins de certitudes, le ou la coupable.
En synthèse, si Meurtre(s) en Mésopotamie (y ajouter un "s" aurait d'ailleurs été plus judicieux) n'est pas le plus connu des romans de l'abondante collection d'Agatha Christie, il présente tous les atouts nécessaires pour passer une agréable lecture et donner l'envie de trouver la clé de l'énigme. Et c'est bien là l'essentiel !