Ishmaël est un jeune homme qui a trouvé un bon remède contre le cafard. Il part en mer, ses soucis disparaissent à mesure que le bateau s'éloigne des côtes. Il a l'habitude de s'embarquer sur des navires marchands, mais cette fois-ci il est résolu de partir sur un baleinier, pensant que ce genre de croisière pourra lui réserver une vie plus aventureuse. Il part pour Nantucket, la ville de prédilection des chasseurs de baleines. N'ayant pas beaucoup de moyens il s'installe dans une auberge qui ne paie pas de mine, "le Jet de la Baleine", et on lui annonce qu'il partagera le lit d'un autre marin. Quelle n'est pas sa surprise lorsque au milieu de la nuit le compagnon de chambre se révèle être un cannibale, couvert de tatouages, les dents taillées en pointe et autres détails typiques. Au départ Ishmaël est furieux, pensant que l'aubergiste s'est joué de lui, il se lie finalement très vite d'une amitié fraternelle avec l'individu, Queequeg, harponneur talentueux. Ils décident de s'embarquer ensemble, et le navire choisi sera le Péquod, dirigé par le sinistre et mystérieux capitaine Achab. On raconte que sa jambe lui a été arrachée par une baleine, et qu'il serait atteint par un mal étrange, personne ne le voit sortir de sa cabine pendant des semaines après leur départ. Quand il se montre enfin, c'est pour annoncer que le véritable but du voyage sera de mettre à mort la légendaire baleine blanche nommée Moby Dick.
Moby Dick est un des plus grands classiques de la littérature, à force d'en lire des éloges j'avais mis la barre très, très haute. Et bien le livre ne m'a pas déçue un instant, bien que comme il fait partie de la culture populaire j'en connaisse déjà l'histoire dans les grandes lignes, je ne me suis pas ennuyée. Melville innove dans le style en alternant des informations relatives aux cétacés et du roman pur. L'exposé a des côtés drôles par les connaissances désuètes, la baleine est présentée comme un animal sanguinaire, on nie son appartenance à la famille des mammifères et on compare son chant à un "raclement de gorge". Avec la sensibilisation écologique certains seraient sans doute choqués à la lecture de ce livre, des bébés sont massacrés, ainsi que des animaux malades, on nous expose même une théorie selon laquelle la chasse à la baleine n'aurait aucun impact sur la disparition possible de l'espèce. Quand la théorie commence à devenir ennuyeuse, hop, le récit reprend, en plein dans l'action, une rencontre avec un autre bateau ou bien une partie de chasse haletante. Le rythme est parfait pour ne pas devenir monotone et accrocher le lecteur. Le choix d'Ishmaël comme narrateur est très intéressant, pour une fois ce n'est pas un héros, Queeqeg ou Achab sont des personnages bien plus intéressants et profonds, mais la neutralité du marin permettent de lui donner le recul nécessaire à un récit limpide. Le capitaine est sans doute l'un des personnages les plus profonds de la littérature, un nouvel Œdipe luttant contre la prophétie, roi de la mer et enfant du destin, et il me faudrait faire une critique entière rien que sur lui. Ne passez pas à côté de ce merveilleux ouvrage, qui saura ravir les petits et faire frissonner les plus blasés.