Melville invente le roman encyclopéDick.
Dans ma tête Moby Dick c'était un roman, une aventure de pêche à la baleine, avec des indigènes qui font peur, des scènes épiques de capture de baleine, une vengeance, d'une haine, d'un combat obstiné entre le bien et le mal, entre la vie, la mort et la folie.
C'était vrai, une centaine de pages, le reste de l'oeuvre constitue l'encyclopédie la plus complète jamais écrite sur la baleine et sa chasse. Le livre commence par quinze pages de citations sur les baleines dans la littérature mondiale depuis l'antiquité jusqu'au récit des grands capitaines de l'époque. On y découvre toute l'anatomie de la baleine comparée à celle du cachalot, l'étude sociologique du troupeau, les techniques d'extraction des différents types d'huiles qu'on trouve dans une baleine ainsi que leurs utilisations à travers les âges et les régions du monde. On y apprendra à reconnaitre des baleines à leur dos, à leur jet, à leur couleur. Et tant d'autres choses avant de pouvoir parler de la chasse, ses techniques, les chasseurs, les faits d'armes, l'histoire, à travers le monde, une fois encore.
Et le bateau ne cesse de voguer, dans un voyage de deux ans autour du monde ; la chasse à la baleine, et la poursuite de Moby Dick, le démon blanc qui a arraché la jambe du Capitaine Achab...
Edit : Comme le signal très justement Karhmit, cette œuvre monumentale est maintenant bien vieille et le développement de la science a rendu un peu vieillotte les idées de Melville sur la baleine. Personne ne sait encore qu'elle est un mammifère, personne ne sait ce qu'elle crache quand elle revient à la surface, personne ne sait de quoi elle se nourrit. Melville classifie donc les baleines comme une nouvelle espèce et y mélange les cachalots, les marsouins, des requins. Il y a même un moment où il parle des baleines un peu légendaires parmi lesquelles on trouve, hihihi, la baleine bleue, mais elle semble trop grande pour être vraie. La dernière blague écologique de cette partie c'est que la chasse lui semble tellement difficile qu'elle en est éternelle : il y aura toujours des troupeaux de baleines à travers les mers à narguer les bateaux.